Bugeaud trouva un adversaire digne de lui dans le petit
marabout de Mascara dont les Français avaient fait un sultan
des Arabes. Jamais les indigènes de l'Afrique n'avaient eu un
chef aussi actif, aussi intelligent ; ils reconnaissaient
l'éminente supériorité de l'émir, admiraient sa
sévérité et sa simplicité, sa piété et son éloquence.
De là l'acharnement et la longueur de la lutte qu'il soutint
contre nous.
Au commencement de 1841, Abd-el-Kader était maître de toute
la province d'Oran, d'une bonne partie de la province d'Alger
et conservait des partisans en Kabylie et dans la province de
Constantine. Il avait un trésor de guerre évalué à 1 500
000 francs. Ses forces régulières comprenaient 8 000 hommes
d'infanterie, 2 000 cavaliers, 240 artilleurs, 20 pièces de
campagne en bon état. Les tribus lui fournissaient pour la
guerre sainte des contingents de cavaliers irréguliers et de
goumiers s'élevant à 50 000 hommes, plus ou moins suivant le
cas. Mais toute sa force était dans ses réguliers. |