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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
Dans le défi qu'il avait adressé le 15 avril 1840 au maréchal Valée, l'émir disait : « J'ai appris que vous voulez m'attaquer avec 50 000 hommes ou plus. Je ne crains pas, avec l'aide de Dieu, le nombre de vos soldats. Vous savez que mon royaume n'a que huit ans d'âge, tandis que le vôtre dure depuis près de deux mille ans, que vous avez des troupes nombreuses et de nombreux instruments de guerre. Eh bien! donnez-moi des instruments de guerre que je vous paierai avec de l'argent; alors je réunirai des troupes, la moitié seulement des vôtres et nous combattrons.
OFFICIER D'ARTILLERIE DE LIGNE (TENUE D'AFRIQUE) (d'après un dessin de Raffet).  
Ou bien restons chacun dans les pays qui sont dans nos mains d'ici à douze ans; alors mon royaume aura vingt ans d'âge, chaque année de mon royaume comptera pour un siècle du vôtre et nous combattrons. Envoyez un homme de chez vous qui comptera mes soldats; opposez-moi deux hommes contre un, je vous jure que je n'augmenterai pas d'un guerrier le nombre qui sera compté. Que le maréchal vienne sur le champ de bataille; j'enverrai contre lui un de mes khalifas. Si mon ami est le plus fort, alors vous m'abandonnerez l'intérieur du pays et vous resterez dans les villes maritimes ; si votre ami est le plus fort, alors, moi, je ne vous disputerai pas le chemin depuis Alger jusqu'à Constantine.
 
Que le duc d'Orléans vienne sur le champ de bataille; moi, l'esclave de Dieu, j'y viendrai aussi; si je parviens à le vaincre, alors vous retournerez tous dans votre pays et vous laisserez dans les villes tout ce qui appartient au beylik ; vous partirez seulement avec vos biens et vos têtes. Si au contraire lui parvient à me vaincre, vous serez débarrassé de moi et la province sera pour vous. »
C'était là de la fanfaronnade. Abd-el-Kader savait parfaitement qu'il ne pouvait nous vaincre en bataille rangée ni prendre nos villes. Dès le début de la lutte, il prescrivit de refuser le combat en plaine, sauf si l'on était en présence de petits détachements isolés et se gardant mal. Il fit une guérilla, une « guerre de buissons », comme dit un historien de l'Algérie.
 
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