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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  

LE COMBAT DE SIDI-YAHIA

La prise de la Smala eut un retentissement considérable, aussi bien en France qu'en Algérie. Le duc d'Aumale fut nommé lieutenant général en même temps que Changarnier et La Moricière ; Bugeaud reçut le bâton de maréchal de France par ordonnance du 31 juillet 1843. Non moins important, quoique moins connu, fut le combat de Sidi-Yahia (11 novembre 1843), à l'Est de Daya, où le colonel Tempoure défit Embarek, le meilleur lieutenant d'Abd-el-Kader, et anéantit ses bataillons réguliers. Embarek était au nombre des morts; sa tête coupée fut envoyée à La Moricière dans un sac de cuir; Bugeaud le fit enterrer à Koléa avec les honneurs militaires. C'était pour l'émir un désastre aussi grand que la prise de la Smala. Manquant de grains et de munitions, ne pouvant plus pénétrer dans le Tell, il prit le parti de chercher un refuge au Maroc.
Les campagnes de 1841-1843 avaient donné des résultats remarquables, grâce à l'activité incroyable de Bugeaud et de ses lieutenants et à l'habileté de ses combi­naisons. Une nouvelle phase commence après la prise de la Smala et le combat du 11 novembre; les indigènes cessent de donner à Abd-el-Kader le titre de sultan; il n'est plus pour eux que Sidi-El-Hadj-Abd-el-Kader. Pour la première fois depuis 1830, les Français leur apparaissent comme les successeurs du dey et les vrais souverains de l'Algérie. Beaucoup de régions sont encore insoumises ou indépendantes, mais les tribus qui nous refusent l'obéissance combattent seulement par point d'honneur ou pour retarder l'obligation de payer l'impôt. « Après la campagne du printemps, disait Bugeaud dans un banquet, j'aurais pu proclamer que l'Algérie était domptée et soumise, j'ai préféré rester au-dessous de la vérité. Mais aujour­d'hui, après le beau combat du 11 novembre, je vous dis hardiment que la guerre sérieuse est finie. Abd-el-Kader pourra bien encore, avec la poignée d'hommes qui lui restent, exécuter quelques coups de main, mais il ne peut rien tenter d'important. » Ces affirmations étaient prématurées; Abd-el-Kader n'avait pas dit son dernier mot et les événements allaient donner à Bugeaud un prompt démenti.

LA KABYLIE

Bien que les Kabyles eussent, comme on l'a vu, assez mal accueilli Abd-el-Kader et se fussent refusés à descendre de leurs montagnes pour s'unir à lui contre les Français, l'émir conservait des partisans dans cette région et les Kabyles ne se faisaient pas faute de razzier les tribus soumises situées en bordure du massif. En 1844, Bugeaud jugea nécessaire de réduire les Flissas, qui occupent la région située entre l'Isser et le Sebaou. Trois colonnes furent formées à Maison-Carrée. A une sommation de Bugeaud, les Flissas répondirent :
 
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