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LE COMBAT DE
SIDI-YAHIA |
La prise de la Smala eut un
retentissement considérable, aussi bien en France qu'en
Algérie. Le duc d'Aumale fut nommé lieutenant général en
même temps que Changarnier et La Moricière ; Bugeaud
reçut le bâton de maréchal de France par ordonnance du 31
juillet 1843. Non moins important, quoique moins connu, fut
le combat de Sidi-Yahia (11 novembre 1843), à l'Est de Daya,
où le colonel Tempoure défit Embarek, le meilleur
lieutenant d'Abd-el-Kader, et anéantit ses bataillons
réguliers. Embarek était au nombre des morts; sa tête
coupée fut envoyée à La Moricière dans un sac de cuir;
Bugeaud le fit enterrer à Koléa avec les honneurs
militaires. C'était pour l'émir un désastre aussi grand
que la prise de la Smala. Manquant de grains et de
munitions, ne pouvant plus pénétrer dans le Tell, il prit
le parti de chercher un refuge au Maroc.
Les campagnes de 1841-1843 avaient donné des résultats
remarquables, grâce à l'activité incroyable de Bugeaud et
de ses lieutenants et à l'habileté de ses combinaisons.
Une nouvelle phase commence après la prise de la Smala et
le combat du 11 novembre; les indigènes cessent de donner
à Abd-el-Kader le titre de sultan; il n'est plus pour eux
que Sidi-El-Hadj-Abd-el-Kader. Pour la première fois depuis
1830, les Français leur apparaissent comme les successeurs
du dey et les vrais souverains de l'Algérie. Beaucoup de
régions sont encore insoumises ou indépendantes, mais les
tribus qui nous refusent l'obéissance combattent seulement
par point d'honneur ou pour retarder l'obligation de payer
l'impôt. « Après la campagne du printemps, disait Bugeaud
dans un banquet, j'aurais pu proclamer que l'Algérie était
domptée et soumise, j'ai préféré rester au-dessous de la
vérité. Mais aujourd'hui, après le beau combat du 11
novembre, je vous dis hardiment que la guerre sérieuse est
finie. Abd-el-Kader pourra bien encore, avec la poignée
d'hommes qui lui restent, exécuter quelques coups de main,
mais il ne peut rien tenter d'important. » Ces affirmations
étaient prématurées; Abd-el-Kader n'avait pas dit son
dernier mot et les événements allaient donner à Bugeaud
un prompt démenti. |
LA KABYLIE |
Bien que les Kabyles eussent,
comme on l'a vu, assez mal accueilli Abd-el-Kader et se
fussent refusés à descendre de leurs montagnes pour s'unir
à lui contre les Français, l'émir conservait des
partisans dans cette région et les Kabyles ne se faisaient
pas faute de razzier les tribus soumises situées en bordure
du massif. En 1844, Bugeaud jugea nécessaire de réduire
les Flissas, qui occupent la région située entre l'Isser
et le Sebaou. Trois colonnes furent formées à
Maison-Carrée. A une sommation de Bugeaud, les Flissas
répondirent : |
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