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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
« Nous ne recevons aucune investiture de personne, nous ne l'avons jamais fait; en notre qualité de Kabyles, nous ne reconnaissons pour chefs que les Kabyles comme nous et pour arbitre souverain Dieu qui punit l'injuste. » Bugeaud s'avança jusqu'à Bordj-Menaïel, puis occupa Dellys. Au retour, le maréchal établit son camp à Tadmeït, sur la rive gauche du Sebaou. Il eut à livrer un très rude combat à Ouarezeddine, sur la crête même des Flissas, contre 15 à 20 000 Kabyles. On vit Bugeaud, debout sur un rocher, tête nue, arracher un clairon des mains d'un voltigeur et sonner lui-même la charge. Le combat justifia la théorie si souvent soutenue par le maréchal de l'impuissances des masses irrégulières, si nombreuses qu'elles soient, contre un certain effectif de troupes organisées. Étant donné la disproportion numérique, les difficultés du terrain, le mordant des Kabyles, il convient de placer Ouarezeddine à côté et peut-être au-dessus de la bataille d'Isly. Quelque jours après, les Flissas faisaient leur soumission au Camp-du-Maréchal.
 

LE SUD

La nécessité s'est toujours imposée aux maîtres du Tell de dominer aussi le Sahara. Bugeaud écrivait à Soult : « La partie habitée du désert nous est nécessaire politiquement et commercialement. Nous devons régner partout où a régné Abd-el-Kader, sous peine d'être sans cesse sur le qui-vive dans le Tell. » Dans la province de Constantine, le duc d'Aumale créa un poste à Batna, non loin de Lambèse ; avec une colonne de 3 000 hommes, il franchit le défilé d'El-Kantara et se porta sur Biskra, où il consolida l'autorité de Ben­Gana. Il opéra ensuite dans le Bellezma, où il obtint la soumission des Ouled­Soltan. Au retour, deux bataillons furent laissés à Biskra. Dans la province d'Alger, le général Marey recevait la soumission des Ouled-Naïl et s'avançait jusqu'à Laghouat.
 

LE MAROC. LA BATAILLE D'ISLY ET LA CONVENTION DE LALLA-MARNIA

Si la campagne de Kabylie s'était terminée brusquement, c'est que de graves événements se produisaient à l'Ouest du côté du Maroc. Abd-el-Kader cherchait à entraîner le sultan Moulay-Abd-er-Rahman dans sa lutte contre les chrétiens; celui-ci le ravitaillait et le soutenait, tout en se méfiant de son ambition. La politique d'Abd-el-Kader consistait à attirer les Français sur le territoire marocain, dont les frontières étaient absolument vagues et indéterminées, pour forcer la main au sultan.
 
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