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« Nous ne recevons aucune
investiture de personne, nous ne l'avons jamais fait; en
notre qualité de Kabyles, nous ne reconnaissons pour chefs
que les Kabyles comme nous et pour arbitre souverain Dieu
qui punit l'injuste. » Bugeaud s'avança jusqu'à
Bordj-Menaïel, puis occupa Dellys. Au retour, le maréchal
établit son camp à Tadmeït, sur la rive gauche du Sebaou.
Il eut à livrer un très rude combat à Ouarezeddine, sur
la crête même des Flissas, contre 15 à 20 000 Kabyles. On
vit Bugeaud, debout sur un rocher, tête nue, arracher un
clairon des mains d'un voltigeur et sonner lui-même la
charge. Le combat justifia la théorie si souvent soutenue
par le maréchal de l'impuissances des masses
irrégulières, si nombreuses qu'elles soient, contre un
certain effectif de troupes organisées. Étant donné la
disproportion numérique, les difficultés du terrain, le
mordant des Kabyles, il convient de placer Ouarezeddine à
côté et peut-être au-dessus de la bataille d'Isly.
Quelque jours après, les Flissas faisaient leur soumission
au Camp-du-Maréchal. |
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LE SUD |
La nécessité s'est toujours
imposée aux maîtres du Tell de dominer aussi le Sahara.
Bugeaud écrivait à Soult : « La partie habitée du
désert nous est nécessaire politiquement et
commercialement. Nous devons régner partout où a régné
Abd-el-Kader, sous peine d'être sans cesse sur le qui-vive
dans le Tell. » Dans la province de Constantine, le duc
d'Aumale créa un poste à Batna, non loin de Lambèse ;
avec une colonne de 3 000 hommes, il franchit le défilé
d'El-Kantara et se porta sur Biskra, où il consolida
l'autorité de BenGana. Il opéra ensuite dans le Bellezma,
où il obtint la soumission des OuledSoltan. Au retour,
deux bataillons furent laissés à Biskra. Dans la province
d'Alger, le général Marey recevait la soumission des
Ouled-Naïl et s'avançait jusqu'à Laghouat. |
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LE MAROC. LA
BATAILLE D'ISLY ET LA CONVENTION DE LALLA-MARNIA |
Si la campagne de Kabylie
s'était terminée brusquement, c'est que de graves
événements se produisaient à l'Ouest du côté du Maroc.
Abd-el-Kader cherchait à entraîner le sultan
Moulay-Abd-er-Rahman dans sa lutte contre les chrétiens;
celui-ci le ravitaillait et le soutenait, tout en se
méfiant de son ambition. La politique d'Abd-el-Kader
consistait à attirer les Français sur le territoire
marocain, dont les frontières étaient absolument vagues et
indéterminées, pour forcer la main au sultan. |
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