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Lorsque nous
créâmes un poste à Lalla-Marnia, les Marocains
prétendirent que ce poste se trouvait chez eux et le
sultan, sous la pression de l'opinion publique, envoya une
mehalla camper près d'Oudjda sous le commandement du caïd
El-Guenaoui.
Une première agression se produisit le 30 mai 1844 au
marabout de Sidi-Aziz, au Nord-Ouest de Marnia. Comme
Bugeaud avait reçu de Paris l'ordre de tout tenter pour
maintenir la paix, une entrevue fut décidée entre Bedeau
et le Guenaoui ; elle eut lieu le 15 juin sur les bords de
la Mouïlah ; la conférence fut interrompue par des coups
de feu ; Bugeaud accourut au bruit de la fusillade,
recueillit l'escorte de Bedeau et prit l'offensive; |
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quatre jours après, il entrait
à Oudjda sans coup férir et y attendait le résultat des
négociations engagées à Tanger par le consul de France,
M. de Nyon, qu'appuyait une escadre commandée par le prince
de Joinville.
D'après les instructions de Guizot, M. de Nyon devait
exiger du sultan le désaveu de l'agression contre nos
troupes, la dislocation de la mehalla et l'expulsion d'Abd-el-Kader.
En même temps, le comte de Sainte-Aulaire, ambassadeur à
Londres, était chargé de rassurer les ministres anglais
sur les conséquences du conflit, en spécifiant que nous
voulions éviter seulement que le Maroc ne constituât pour
Abdel-Kader un asile inviolable où il reprendrait des
forces pour recommencer sans cesse la guerre contre nous. |
L'émotion était
assez vive en Angleterre; on craignait que nous ne fussions
entraînés au Maroc comme nous l'avions été en Algérie.
Guizot promit formellement de ne rien occuper au Maroc : «
Autant nous étions décidés, dit-il, à ne pas souffrir
que le Maroc troublât indéfiniment l'Algérie, autant nous
étions éloignés d'avoir sur le Maroc aucune vue de
conquête. |
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