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Rien n'eût été
plus contraire au bon sens et à l'intérêt français ; la
possession et l'exploitation de l'Algérie étaient déjà
pour la France un assez lourd fardeau et une assez vaste
perspective. » |
Mais les négociations
échouèrent et le sultan refusa de prendre les engagements
qu'on lui demandait. Un ultimatum adressé par Bugeaud au
caïd d'Oudjda, qui comportait le maintien de l'ancienne
frontière entre les Turcs et le Maroc et l'internement d'Abd-el-Kader
dans l'Ouest du Maroc, n'eut pas plus de succès et il
fallut se résoudre à la lutte. Bugeaud avait en face de
lui, non plus seulement le Guenaoui, mais le fils du sultan,
Sidi-Mohammed, avec une armée qu'on disait innombrable. Les
forces marocaines comprenaient 6 000 cavaliers réguliers, 1
200 fantassins et environ 60 000 cavaliers des tribus; les
Abid-Bokhari, la garde noire créée par Moulay-Ismaïl,
constituaient les meilleurs éléments. Abd-el-Kader essaya
de donner à Sidi-Mohammed quelques conseils et de lui
expliquer la manière de combattre les Français, mais il ne
fut pas écouté. Bugeaud avait 18 bataillons d'infanterie,
19 escadrons de cavalerie, en tout 11 000 hommes et 16
bouches à feu. C'était assez pour combattre et pour
vaincre. Selon son habitude, il expliqua son plan aux
officiers avant la bataille : « Je vais, dit-il, attaquer
l'armée du prince marocain, qui, d'après mes
renseignements, s'élève à 60 000 cavaliers; je voudrais
que ce nombre fût double, fût triple, car plus il y en
aura, plus leur désordre et leur désastre seront grands.
Moi, j'ai une armée : lui n'a qu'une cohue. Je vais vous
prédire ce qui se passera. Et d'abord, je veux vous
expliquer mon ordre d'attaque. Je donne à ma petite armée
la forme d'une hure de sanglier. Entendez-vous bien! La
défense de droite, c'est La Moricière ; la défense de
gauche, c'est Bedeau; le museau, c'est Pélissier, et moi je
suis entre les deux oreilles. Qui pourra arrêter notre
force de pénétration? Ah! mes amis, nous entrerons dans
l'armée marocaine comme un couteau dans le beurre! » |
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L'armée française
commença son mouvement dans l'après-midi du 13 août, le
suspendit à la tombée de la nuit et se remit en marche à
deux heures du matin. |
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