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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
Rien n'eût été plus contraire au bon sens et à l'intérêt français ; la possession et l'exploitation de l'Algérie étaient déjà pour la France un assez lourd fardeau et une assez vaste perspective. »
Mais les négociations échouèrent et le sultan refusa de prendre les engagements qu'on lui demandait. Un ultimatum adressé par Bugeaud au caïd d'Oudjda, qui comportait le maintien de l'ancienne frontière entre les Turcs et le Maroc et l'internement d'Abd-el-Kader dans l'Ouest du Maroc, n'eut pas plus de succès et il fallut se résoudre à la lutte. Bugeaud avait en face de lui, non plus seulement le Guenaoui, mais le fils du sultan, Sidi-Mohammed, avec une armée qu'on disait innombrable. Les forces marocaines comprenaient 6 000 cavaliers réguliers, 1 200 fantassins et environ 60 000 cavaliers des tribus; les Abid-Bokhari, la garde noire créée par Moulay-Ismaïl, constituaient les meilleurs éléments. Abd-el-Kader essaya de donner à Sidi-Mohammed quelques conseils et de lui expliquer la manière de combattre les Français, mais il ne fut pas écouté. Bugeaud avait 18 bataillons d'infanterie, 19 escadrons de cavalerie, en tout 11 000 hommes et 16 bouches à feu. C'était assez pour combattre et pour vaincre. Selon son habitude, il expliqua son plan aux officiers avant la bataille : « Je vais, dit-il, attaquer l'armée du prince marocain, qui, d'après mes renseignements, s'élève à 60 000 cavaliers; je voudrais que ce nombre fût double, fût triple, car plus il y en aura, plus leur désordre et leur désastre seront grands. Moi, j'ai une armée : lui n'a qu'une cohue. Je vais vous prédire ce qui se passera. Et d'abord, je veux vous expliquer mon ordre d'attaque. Je donne à ma petite armée la forme d'une hure de sanglier. Entendez-vous bien! La défense de droite, c'est La Moricière ; la défense de gauche, c'est Bedeau; le museau, c'est Pélissier, et moi je suis entre les deux oreilles. Qui pourra arrêter notre force de pénétration? Ah! mes amis, nous entrerons dans l'armée marocaine comme un couteau dans le beurre! » GÉNÉRAL CAVAIGNAC (d'après Roubaud).
L'armée française commença son mouvement dans l'après-midi du 13 août, le suspendit à la tombée de la nuit et se remit en marche à deux heures du matin.
 
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