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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
La délimitation de la frontière devait faire l'objet d'une convention spéciale, qui fut signée à Lalla-Marnia le 18 mars 1845. Il était entendu que nous réclamerions seulement la frontière de l'ancienne Régence, mais il était impossible de déterminer cette frontière, qui variait suivant les hasards de la fortune et des combats. L'idée même de frontière est parfaitement étrangère aux musulmans; comme le remarque M. Jules Cambon, c'est dans le Coran, qui ne parle pas de patrie, qu'est pour eux renfermée toute la loi. On ne traça de limite qu'entre la mer et le Teniet-es-Sassi, sur une distance de 150 kilomètres. Au delà de ce point, la convention indiquait les tribus et ksours appartenant soit à la France, soit au Maroc; on laissa au Maroc l'oasis de Figuig, qui commande la route du Touat. Au Sud de l'Atlas Saharien, on déclara toute délimitation superflue, le pays étant inhabitable : " Le Sahara n'est à personne, " dit le texte. Nous fûmes trompés sur beaucoup de points; toutes les questions litigieuses furent réglées à notre désavantage et la rédaction même de la convention témoignait d'une ignorance absolue des hommes et des choses. Nous tenions avant tout à obtenir la reconnaissance de notre souveraineté sur les musulmans algériens et le désaveu d'Abd-el-Kader par le Maroc; il n'était pas facile d'obtenir du sultan-chérif cette reconnaissance et ce désaveu. Les défectuosités du tracé de la frontière, qui coupait en deux les tribus et n'opposait aucun obstacle aux incursions des maraudeurs, entraînèrent par la suite d'incessantes difficultés avec l'empire chérifien; mais, à vrai dire, ces difficultés, inhérentes au voisinage d'un pays barbare, habité par des nomades pillards, ne pouvaient manquer de se produire; elles n'ont pas encore pris fin aujourd'hui et ne cesseront que le jour où la France aura achevé la pacification du Maroc.
 

LA DERNIÈRE PHASE DE LA LUTTE

 
Après la bataille d'Isly, qui est l'épisode le plus populaire et le plus brillant de la conquête de l'Algérie, la lutte entre Bugeaud et Abd-el-Kader change de caractère. " Les résultats généraux, disait Bugeaud à la tribune de la Chambre le 24 janvier 1845, vous les connaissez. Vous savez qu'Abd-el-Kader a été successivement chassé de l'édifice de granit qu'il avait créé; cet édifice, nous l'avons démoli pierre à pierre. Nous avons soumis les tribus une à une. Nous avons rejeté Abd-el-Kader dans l'intérieur du Maroc, ce qui ne veut pas dire qu'il ne reviendra pas. Je crois même pouvoir vous prévenir qu'il reviendra. Il ne reviendra pas dangereux, mais tracassier, et voilà pourquoi il faut que nous restions forts et vigilants. "
Abd-el-Kader en effet n'est plus qu'un chef de partisans, qui agit par coups de main. Cependant les difficultés restent grandes.
 
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