Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. III Page suivante
  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
A partir de l'automne de 1846, l'Algérie est de nouveau tranquille. En février 1847, Bou-Maza fait sa soumission entre les mains de Saint-Arnaud. Bugeaud, qui avait toujours attaché une importance extrême à la Kabylie, jugea que l'occasion était favorable pour soumettre ce massif montagneux, dont il regardait l'indépendance comme une menace perpétuelle pour nous. Mais le ministère ne voulut pas en entendre parler et autorisa seulement une démonstration dans la vallée de l'Oued Sahel. Cette démonstration détermina la soumission des Beni-Abbès de la Kabylie. des Babors, qui demandèrent l'aman au général Bedeau. On leur laissa leur administration intérieure et leurs djemaâs, tout en leur prescrivant d'obéir à Mokrani
" Nous lui obéirons, répondirent-ils, non à cause de lui, mais à cause de toi. C'est toi seul qui nous as vaincus, lui sans cela ne nous eût jamais commandés. Aucun homme, ni de sa race, ni d'une autre, ne l'avait pu faire avant toi. "
  

LE DÉPART DE BUGEAUD

 
A diverses reprises, Bugeaud avait été sur le point de donner sa démission, las de lutter contre le maréchal Soult et les bureaux du ministère de la Guerre. A partir de 1844, les conflits devenaient continuels. " La volonté du lieutenant général Bugeaud, dit Pellissier de Reynaud, avait eu plus de poids dans la balance des destinées de l'Algérie que n'en eut celle du maréchal duc d'Isly. Sa puissance s'affaiblissait à mesure qu'il grandissait en dignités et en titres. " En 1845, on voulut lui adjoindre un intendant civil, qui aurait joué auprès de lui le même rôle que Pichon auprès de Rovigo. Il regimba et on créa seulement un directeur des affaires civiles, intermédiaire officiel entre le gouverneur et les chefs de service. Une entrevue avec Soult amena une réconciliation momentanée des deux vieux guerriers : " Il ne peut y avoir de difficultés entre nous, lui dit Soult, je vous aime comme mon ouvrage. Vous êtes le premier homme de guerre de la France et de l'Europe. " Bugeaud écrivit à Guizot que tout nuage était dissipé : " Il se faisait illusion, écrit Guizot, sur les dispositions de son ministre et sur sa propre habileté en fait de déférence et de douceur. Il ne tarda pas à s'en apercevoir et à retrouver lui-même sa rudesse avec son mécontentement. " Les attaques de presse, auxquelles le maréchal était très sensible, continuaient, notamment dans l'Afrique et dans l'Algérie, subventionnées, disait Bugeaud, par le ministère de la Guerre. L'influence de La Moricière, qu'on lui opposait, allait grandissant. Le gouverneur se plaignait qu'on lui eût interdit de poursuivre Abd-el-Kader au Maroc et qu'on ne l'eût pas autorisé à faire l'expédition de Kabylie.
 
  242  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante