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On lui retira le droit d'accorder
des concessions en territoire civil. Enfin, un crédit de 3
millions qu'il avait demandé pour la colonisation militaire
lui fut refusé. Il déclara qu'il considérait sa mission
comme terminée.
Le 5 juin 1847, le maréchal Bugeaud s'embarqua pour ne plus
revenir. "Nous lui rendîmes, écrit le prince de
Joinville, les honneurs vice-royaux et je vois encore sa tête
blanche et énergique, lorsque, debout et découvert sur la
passerelle du bâti ment qui l'emportait, il traversa
lentement les lignes des vaisseaux au bruit du canon, des
tambours, des musiques jouant la Marseillaise et des
acclamations des équipages. Il quittait avec tristesse cette
terre d'Algérie qu'il avait tant contribué à faire
française. " |
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LE GOUVERNEMENT DU
DUC D'AUMALE. LA REDDITION D'ABD-EL-KADER |
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A plusieurs reprises et dès
1834, on avait songé à mettre un prince du sang à la tête
des possessions africaines. On donna comme successeur à
Bugeaud le duc d'Aumale, qui connaissait depuis longtemps
l'Algérie, y avait fait ses premières armes, avait commandé
la subdivision de Médéa, puis la division de Constantine. Il
était aimé de l'armée, estimé de la population civile; on
s'accordait à louer son intelligence et ses capacités; les
indigènes honoraient en lui le fils du sultan de France, ould-el-rey;
les colons comptaient sur son influence pour ne pas être
oubliés en haut lieu. " J'ai longtemps espéré,
écrivait-il à Bugeaud, que vous consentiriez à reprendre le
gouvernement général et j'ai la conviction qu'aux très
grands services que vous avez déjà rendus, vous pourriez en
ajouter de nouveaux que nul autre peut-être ne pourra rendre.
Si tout espoir doit être perdu à ce sujet, si aucune autre
combinaison ne paraît acceptable au gouvernement du Roi, je
ne refuserai pas une position éminente où je puis servir
activement mon pays. Je conserverai pieusement le souvenir de
tout ce que je vous ai vu faire d'utile et de grand sur cette
terre d'Afrique, et je ferai tous mes efforts pour y suivre
vos traces et y continuer votre oeuvre. " " Vous
voulez, lui répondit Bugeaud, marcher sur mes traces : moi,
je veux que vous les élargissiez et je serai bien heureux si
vous faites mieux que moi; je ne serai pas le dernier à le
proclamer. "
Nommé gouverneur général par ordonnance du 11 septembre
1847, le duc d'Aumale vint prendre possession de son poste le
5 octobre. Il ramenait avec lui le général Changarnier, qui
avait quitté l'Algérie à la suite de ses dissentiments avec
Bugeaud et auquel fut donné le commandement de la division
d'Alger, pendant que La Moricière conservait la division
d'Oran et Bedeau celle de Constantine.
Tout l'intérêt de la courte administration du duc d'Aumale
réside dans la soumission d'Abd-el-Kader, déjà préparée
quand Bugeaud quitta la colonie. |
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