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" J'étais un peu effrayé,
avouait-il, de la bienveillance qu'on m'accordait et des
espérances qu'on voulait bien faire reposer sur moi; j'étais
bien certain de ne pouvoir obtenir des résultats aussi
complets ni surtout aussi prompts que ceux qu'on voulait bien
attendre alors. Le temps est un élément dont on ne tenait
pas assez compte. Mais nous aurions cherché à le mettre à
profit mieux qu'on ne l'a fait de 1848 à 1858. A part les
opérations militaires et malgré le mérite, l'aptitude de la
plupart des gouverneurs généraux, du maréchal Randon en
particulier, il est incontestable que les secousses
révolutionnaires d'abord et ensuite l'apathie administrative
ont maintenu l'Algérie dans un état de stagnation à peu
près complète. " Et la lettre passait en revue les
questions qu'il y avait lieu de résoudre pour assurer
l'avenir de la colonie : l'aliénation des terres,
l'émancipation des indigènes, les bureaux arabes. La
question algérienne était celle qui passionnait le plus le
duc d'Aumale. On ne pouvait associer son nom à celui de
l'Algérie, rappeler le rôle qu'il y avait joué, sans le
faire tressaillir. Un discours de Jules Favre où se trouvait
une allusion à ce passé que le prince regrettait toujours,
à ses intentions, à ses efforts quand il gouvernait la
colonie, aux souvenirs qu'il y avait laissés, lui arrachait
un cri de gratitude. Plus tard encore, à la fin de sa vie, il
aimait, sous les beaux ombrages de Chantilly, à évoquer les
souvenirs de sa carrière africaine. |
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III |
L'ADMINISTRATION
GÉNÉRALE |
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Bugeaud n'a pas
seulement conquis l'Algérie : il a aussi marqué sa forte
empreinte sur l'administration et sur la colonisation. Il
était très convaincu de la supériorité de l'administration
militaire; l'idée d'un gouvernement civil de l'Algérie, qui
avait été émise dans divers milieux et dont La Moricière
s'était déclaré partisan, lui paraissait une coupable folie
tant que la domination française ne serait pas mieux
établie. |
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