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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
Le gouverneur général, assisté du directeur général des affaires civiles et du Conseil supérieur d'administration, demeurait, comme sous l'empire de l'ordonnance de 1845, chargé de la haute administration de l'Algérie. Mais les trois directions centrales des services civils, de l'intérieur, des travaux publics et des finances établies à Alger étaient supprimées. Au chef-lieu de chacune des trois provinces était institué un directeur des affaires civiles chargé des attributions précédemment dévolues aux trois directions centrales. En ce qui touchait les populations indigènes, l'ordonnance disposait que les tribus ou fractions de tribus, même celles habitant un territoire civil, seraient placées sous la direction absolue des bureaux arabes. Cette ordonnance fut complétée par l'ordonnance du 28 septembre 1847, qui décida que les centres de population ayant acquis un degré de développement convenable pourraient être érigés en communes par ordonnances royales. Dans les communes ainsi constituées, les maires et adjoints étaient nommés par le Roi ou par le gouverneur selon l'importance de la localité, les conseillers municipaux par le gouverneur. Six localités, Alger, Blida, Oran, Mostaganem, Bône et Philippeville, furent érigées en communes, mais le conseil municipal d'Alger était le seul qui fût installé lorsque la révolution de Février mit fin à l'administration du duc d'Aumale.
 

L' ADMINISTRATION DES INDIGÈNES ET LES BUREAUX ARABES

 
Une profonde ignorance avait longtemps présidé à nos relations avec les populations musulmanes de l'Algérie. Nous nous étions d'abord adressés aux Maures citadins, aux Israélites, aux interprètes recrutés au hasard, dont on a dit que quelques-uns ne savaient pas le français, d'autres ne savaient pas l'arabe, d'autres enfin ne savaient ni le français ni l'arabe et dont le rôle en tout cas était de traduire, non d'administrer. Tous ces intermédiaires avaient étrangement abusé de notre candeur. En 1833, un bureau arabe dirigé par La Moricière avait été créé pour centraliser les affaires indigènes, réunir les documents, traduire la correspondance, transmettre les décisions du commandement. Un vieux savant, chef des interprètes, M. Delaporte, avait bientôt succédé à La Moricière. En 1834, on avait supprimé le bureau arabe et ses attributions avaient passé au lieutenant-colonel Marey, pour lequel on avait rétabli la charge turque d'agha des Arabes. En 1837, on avait créé une direction des affaires arabes confiée à Pellissier de Reynaud ; il donna sa démission en 1839 et ses attributions furent jointes à celles de l'état-major général. Un arrêté du 16 avril 1841 rétablit la direction des affaires arabes et la confia à Daumas. C'est l'anarchie dans laquelle nous avions laissé si longtemps les indigènes, c'est notre incapacité à les administrer qui les avait livrés à Abd-el-Kader.
 
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