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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
On maintint donc ou on reconstitua toute une hiérarchie de chefs indigènes, comprenant des khalifas, appelés quelquefois bachaghas ou aghas, des aghas, des caïds et des cheikhs. Ces chefs exerçaient sur la partie de la population qui leur était confiée les pouvoirs politiques, administratifs, militaires, financiers, même judiciaires lorsqu'il ne s'agissait pas du statut personnel, qui était du ressort du caïd.
Les khalifas et les aghas avaient des traitements fixes, les caïds percevaient une partie des impôts et des amendes.
Une force de police, appelée selon les cas makhzen, khiela, goum, asker, était mise à leur disposition. Quelques règles très simples furent posées en ce qui concernait les impôts, les amendes, la police des tribus. Quelques impositions anciennes disparurent; on conserva l'achour et le zekkat, l'impôt sur les récoltes et l'impôt sur le bétail. Cependant Bugeaud songeait à asseoir les contributions sur d'autres bases et avait préparé un important travail sur cette question. Pour refréner autant que possible la rapacité invétérée des fonctionnaires indigènes, un arrêté régla la quotité des amendes et les obligea à en rendre compte. La responsabilité collective des tribus fut maintenue, mais à titre de régime transitoire.

Les grands chefs à cette époque nous étaient nécessaires. Nous avons été fort heureux de trouver alors des hommes influents habitués au commandement, qui, par le fait seul qu'ils recevaient de nous le burnous d'investiture, se chargeaient de tenir le pays sans que nous eussions à nous occuper des détails ni à nous imposer de trop grandes dépenses.

GENDARME MAURE (d'après Raffet).
" Il sera toujours fort difficile, disait Bugeaud, de substituer un système d'administration entièrement français à celui que les habitudes, les mœurs et les croyances ont développé en Afrique, sans froisser profondément la population. La bonne politique exigera toujours peut-être que, dans les emplois secondaires, nous fassions administrer les Arabes par des Arabes, en laissant la haute direction aux commandants français des provinces et des subdivisions;
 
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