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" Rien ne se rapproche plus
de l'organisation militaire que l'organisation religieuse,
écrivait-il au Père abbé; aussi suis-je persuadé que votre
établissement prospérera. " Les Trappistes reçurent 1
000 hectares à Staouéli et une subvention de 62 000 francs
à charge de construire des bâtiments et de défricher. Ils
arrivèrent en 1843, ayant à leur tête le Père Régis ; ils
eurent des débuts difficiles, mais finirent par réussir
d'une manière remarquable et par constituer une très belle
exploitation. Il n'en fut pas de même de l'abbé Landmann,
curé de Sélestat, qui, voyant de nombreuses familles
alsaciennes émigrer vers l'Amérique, voulut les détourner
vers l'Algérie. La ferme devait être dirigée par un
prêtre, construite par des soldats, cultivée par des paysans
travaillant en commun et demeurant dans l'indivision. Les
résultats furent nuls, l'échec complet. |
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Dans la province de Constantine,
le général Bedeau proposait de consacrer à la colonisation
37 000 hectares; le gouvernement se chargerait des travaux de
sécurité, de salubrité et de communications, mais,
vis-à-vis des colons, il bornerait son rôle à l'octroi de
la terre après publicité suffisante, en ayant soin de mêler
dans les concessions les grands capitalistes et les petits
propriétaires, les indigènes et les Européens. La formule,
qui faisait une place à la grande propriété dans les
intervalles des villages, était assez heureuse; les villages
donnaient la sécurité, les bras, la main-d'œuvre ; la
grande propriété, les capitaux, les enseignements, les
expériences culturales. Dans la province d'Oran, 2 000
hectares furent concédés près d'Arbal à Dupré de
Saint-Maur, ami de La Moricière : " Je ne viens pas,
disait-il, chercher une fortune, je viens risquer une fraction
de la mienne; il est digne de savoir exposer des capitaux pour
rendre productive une terre arrosée du sang de tant de
Français. " |
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