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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
Il bâtit une ferme fortifiée, fit des cultures irriguées, eut de nombreux troupeaux. Aux environs de Boufarik, l'Haouch-Souk-Ali (1 440 hectares) fut concédé en 1844 à Borély-la-Sapie, qui dessécha des marais, pratiqua la culture des céréales, du tabac, de l'oranger et fit de l'élevage.
La colonisation indigène préoccupait aussi le gouverneur et quelques-uns de ses subordonnés, notamment Lapasset. Bugeaud considérait le refoulement comme injuste et impolitique, mais il croyait possible de resserrer sur leurs territoires les tribus qui avaient des terres en surabondance. Ces emprises devaient être opérées contre paiement ou compensation équitable, de manière à mêler partout aux indigènes une certaine proportion d'Européens. Soult parlait d'une colonisation sagement limitée sur des points choisis du littoral; Bugeaud au contraire se refusait à admettre qu'il fût possible de circonscrire une partie de l'Algérie pour en faire une sorte d'île française. En conséquence, il entendait faire marcher de front la colonisation indigène et la colonisation européenne.
 

LE RÉGIME FONCIER

 
En Algérie, contrairement à ce qu'on imagine, la grande difficulté a toujours été, non pas de se procurer des colons, mais de se procurer des terres pour doter ces colons. Bien qu'il y ait dans le pays de grandes étendues de terres cultivables et non cultivées, il n'y a jamais eu, en raison des obstacles auxquels on se heurte pour l'acquisition des terres indigènes, de marché des terres comme au Canada, aux États-Unis, en Australie, en Argentine. Pour accroître les surfaces disponibles, l'ancien domaine du beylik ne suffisant pas, on confisqua les terres des tribus révoltées du Sahel et de la Mitidja; par un arrêté ministériel du 24 mars 1843, qui n'était d'ailleurs que la reproduction d'un arrêté de Clauzel, les biens habous furent réunis définitivement au domaine, l'État se chargeant de pourvoir aux services d'assistance, d'enseignement et de culte qu'assuraient les revenus de ces biens.

De 1830 à 1840, au point de vue de la propriété, on avait positivement vécu dans le chaos. Les transactions immobilières entre indigènes et Européens étaient tantôt autorisées, tantôt interdites. Une commission fut nommée en 1842 en vue de sortir de ce gâchis et l'ordonnance du 1er octobre 1844, complétée et modifiée par celle du 21 juillet 1846, essaya pour la première fois de régler la question de la propriété foncière. On commença par régulariser la situation résultant des transactions antérieures; pour le reste du territoire, l'ordonnance prescrivit une vérification des titres de propriété et déclara que toutes les terres incultes devaient être réunies au domaine

 
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