En Algérie, contrairement à ce
qu'on imagine, la grande difficulté a toujours été, non pas
de se procurer des colons, mais de se procurer des terres pour
doter ces colons. Bien qu'il y ait dans le pays de grandes
étendues de terres cultivables et non cultivées, il n'y a
jamais eu, en raison des obstacles auxquels on se heurte pour
l'acquisition des terres indigènes, de marché des terres
comme au Canada, aux États-Unis, en Australie, en Argentine.
Pour accroître les surfaces disponibles, l'ancien domaine du
beylik ne suffisant pas, on confisqua les terres des tribus
révoltées du Sahel et de la Mitidja; par un arrêté
ministériel du 24 mars 1843, qui n'était d'ailleurs que la
reproduction d'un arrêté de Clauzel, les biens habous furent
réunis définitivement au domaine, l'État se chargeant de
pourvoir aux services d'assistance, d'enseignement et de culte
qu'assuraient les revenus de ces biens.
De 1830 à 1840, au point de vue de la propriété, on
avait positivement vécu dans le chaos. Les transactions
immobilières entre indigènes et Européens étaient tantôt
autorisées, tantôt interdites. Une commission fut nommée en
1842 en vue de sortir de ce gâchis et l'ordonnance du 1er
octobre 1844, complétée et modifiée par celle du 21 juillet
1846, essaya pour la première fois de régler la question de
la propriété foncière. On commença par régulariser la
situation résultant des transactions antérieures; pour le
reste du territoire, l'ordonnance prescrivit une vérification
des titres de propriété et déclara que toutes les terres
incultes devaient être réunies au domaine |