Sept gouverneurs se succédèrent
en Algérie de 1848 à 1851 : Changarnier, Cavaignac, de
nouveau Changarnier, Marey-Monge, Charon, d'Hautpoul,
Pélissier. Quelques-uns ne firent que passer; Charon seul
demeura un peu plus longtemps (9 septembre 1848 - 22 octobre 1850).
Consulté confidentiellement par Cavaignac sur le choix
d'un gouverneur général, Bugeaud avait prononcé les noms de
Charon, Pélissier, Saint-Arnaud, Mac-Mahon, Morris,
Ladmirault, Camou. C'est le général Charon qui fut choisi.
Né en 1794, Charon appartenait à l'arme du génie; entré à
l'École Polytechnique en 1811, il avait assisté à la
bataille de Waterloo; venu en Afrique comme capitaine en 1853,
il y était resté quinze ans, jusqu'au moment où il avait
été nommé directeur des affaires de l'Algérie au
ministère de la Guerre, en juin 1848. " On ne pouvait,
dit Bugeaud, choisir pour gouverneur général de l'Algérie
un plus excellent homme que le général Charon, un plus grand
travailleur, plus zélé pour ses devoirs. " - "
C'est, écrivait le commandant Cassaigne, le plus honnête et
le plus capable des administrateurs que nous ayons eus. De mœurs
douces et conciliantes, il plaisait à tout le monde et
convenait parfaitement aux circonstances que nous traversions.
" C'était un chef aimable et bienveillant,
consciencieux, actif, honnête.
Charon eut à lutter contre les bureaux du ministère de la
Guerre, qui cherchaient à annihiler complètement le
gouverneur général, non sans péril pour l'Algérie et pour
la France. Saint-Arnaud, toujours caustique, et qui ne voyait
pas le dessous des cartes, prétendait que Charon ne se
mouchait pas sans une autorisation de Paris et qu'il passait
sa capote avec ménagement, de peur de la mécontenter; il se
plaignait que " l'Algérie fût à la remorque du dernier
garçon de bureau de la rue Saint-Dominique ". Mais
Charon ne s'en plaignait pas moins : " Les bureaux,
écrivait-il au général Cavaignac, tendent à diminuer
autant que possible l'action du gouverneur général et à le
rendre étranger à tout, au lieu de le renforcer en lui
donnant franchement l'action administrative qu'il doit avoir
sur tout, afin de maintenir autant que possible l'unité dans
la direction et dans l'impulsion. |