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Des bruits
extraordinaires commençaient à se répandre dans le monde
indigène; on parlait d'une invasion marocaine, d'une rentrée
d'Abd-el-Kader, de la prise d'Alger par les Anglais; les
Kabyles descendaient de leurs montagnes pour s'assurer du fait
et se livrer au pillage, si l'occasion s'en présentait. Une
vive agitation se manifestait chez certaines confréries
religieuses musulmanes. Les Derkaoua et les Senoussiya, en
particulier, annonçaient que Dieu avait égaré l'esprit des
Français et que l'heure des musulmans était venue.
Cette agitation était, à ce qu'il semble, encouragée et
entretenue par des agents secrets de la Turquie et de
l'Angleterre; le gouverneur de la Tripolitaine, Izzet-Pacha,
n'y demeurait pas étranger. Heureusement, l'armée comptait
encore 70 000 hommes et Abd-el-Kader n'était plus là pour
profiter des circonstances. Les instructions de Charon
prescrivaient par ailleurs de s'abstenir d'opérations trop
étendues et de se borner à des tournées de police. |
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LE SUD : ZAATCHA |
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Dans le Sud-Oranais, la grande famille féodale et
maraboutique des Ouled-Sidi-Cheikh avait été partagée en
deux par le traité de Lalla-Marnia, qui attribuait le groupe
oriental à la France et le groupe occidental au Maroc. Le
chef du groupe occidental, celui des Ouled-Sidi-Cheikh Gharaba,
prétendait que le sultan du Maroc l'avait nommé au
commandement de tout le Sud; il entraîna les Hamyan,
assassina un caïd et fit régner l'inquiétude jusqu'aux
portes de Tlemcen. Deux colonnes, l'une partie de Saïda avec
Pélissier, l'autre de Sebdou avec Mac-Mahon, arrêtèrent la
défection des tribus et rétablirent le calme.
Le Sud-Constantinois était incomplètement pacifié. La
situation était restée telle que la décrivait le duc
d'Aumale en 1844 Les Aurès, disait-il, ne sauraient être
considérés comme soumis, la résistance y est seulement
décomposée et non détruite. " L'ancien bey de
Constantine, Ahmed, était réfugié dans cette région et ses
intrigues étaient une des principales causes de l'agitation.
En 1848, le colonel Canrobert conduisit une colonne dans
l'Aurès et contraignit Ahmed à se rendre au commandant du
cercle de Biskra. Notre vieil adversaire fut interné à
Alger, où il mourut en 1850. |
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