L'affaire de Zaatcha fut la cause
ou le prétexte du remplacement de Charon, auquel on faisait
grief d'avoir conservé dans la personne d'Herbillon un chef
insuffisant. Il fut rappelé en France, placé à la tête des
fortifications et nommé président du Comité consultatif de
l'Algérie. Sa succession fut offerte à La Moricière ; elle
fut finalement dévolue au général d'Hautpoul, qui venait
d'occuper pendant un an le ministère de la Guerre. Neveu du
général de cavalerie d'Hautpoul tué à la charge d'Eylau,
il portait un grand nom militaire, mais paraît bien avoir
été un homme assez médiocre.
" Il apporte dans son gouvernement, disait
Saint-Arnaud, les idées les plus absurdes, les plus
irrationnelles, les plus fausses, les plus
antigouvernementales. Parce qu'il n'a jamais rien fait et
qu'il est arrivé au gouvernement de l'Algérie sans rien
connaître du pays et des Arabes, il prétend que tout le
monde est propre à tout et il voudrait s'entourer d'officiers
qui, comme lui, n'entendent rien à l'Afrique. Pauvre Afrique!
On est généralement bien aise d'arriver à son gouvernement
général, mais, quand on y a passé quelque temps, il semble
qu'on est saisi d'une fièvre qui vous porte à changer d'air.
Et ce n'est pas cela qu'il lui faut. Un gouverneur médiocre
qui gouvernerait dix ans ferait plus et mieux qu'un homme de
génie qui nous donnerait six mois en nous les reprochant. |