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  L'ALGÉRIE SOUS LA SECONDE RÉPUBLIQUE (1848-1851)  
     
  
le colonel Carbuccia tenta non moins vainement de s'emparer de Zaatcha par surprise et l'insurrection devint générale. Le général Herbillon, avec une colonne de 4 000 hommes, ne réussit pas davantage. Canrobert amena des renforts, mais ses zouaves apportèrent avec eux le choléra qui fit de grands ravages dans les troupes. Après un siège en règle, Zaatcha fut enfin prise d'assaut le 26 novembre et ses 10 000 palmiers rasés. Il fallut lutter maison par maison et il y eut de part et d'autre un incroyable acharnement. Ce Saragosse du désert nous coûtait 1 500 hommes dont 30 officiers, sans compter plus de 600 hommes morts du choléra; 80 officiers avaient été plus ou moins grièvement blessés. La prise de Zaatcha mit fin à l'insurrection, dont le colonel Canrobert poursuivit les débris jusqu'à Nara dans l'Aurès. Bou-Saada fut occupée par le colonel Daumas et eut pour premier chef de bureau arabe le capitaine Pein. Herbillon, qui avait dompté l'insurrection, mais auquel on pouvait reprocher de l'avoir laissée grandir en ne lui opposant au début que des moyens de répression médiocres, fut remplacé à la division de Constantine par Saint-Arnaud. Le calme se rétablit dans le Sud-Constantinois.
 

LE GÉNÉRAL D'HAUTPOUL

 
L'affaire de Zaatcha fut la cause ou le prétexte du remplacement de Charon, auquel on faisait grief d'avoir conservé dans la personne d'Herbillon un chef insuffisant. Il fut rappelé en France, placé à la tête des fortifications et nommé président du Comité consultatif de l'Algérie. Sa succession fut offerte à La Moricière ; elle fut finalement dévolue au général d'Hautpoul, qui venait d'occuper pendant un an le ministère de la Guerre. Neveu du général de cavalerie d'Hautpoul tué à la charge d'Eylau, il portait un grand nom militaire, mais paraît bien avoir été un homme assez médiocre. 

" Il apporte dans son gouvernement, disait Saint-Arnaud, les idées les plus absurdes, les plus irrationnelles, les plus fausses, les plus antigouvernementales. Parce qu'il n'a jamais rien fait et qu'il est arrivé au gouvernement de l'Algérie sans rien connaître du pays et des Arabes, il prétend que tout le monde est propre à tout et il voudrait s'entourer d'officiers qui, comme lui, n'entendent rien à l'Afrique. Pauvre Afrique! On est généralement bien aise d'arriver à son gouvernement général, mais, quand on y a passé quelque temps, il semble qu'on est saisi d'une fièvre qui vous porte à changer d'air. Et ce n'est pas cela qu'il lui faut. Un gouverneur médiocre qui gouvernerait dix ans ferait plus et mieux qu'un homme de génie qui nous donnerait six mois en nous les reprochant.

 
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