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  L'ALGÉRIE SOUS LA SECONDE RÉPUBLIQUE (1848-1851)  
     
  
L'Angleterre comprend mieux que nous l'importance énorme de la stabilité dans les commandements. "
Le général d'Hautpoul avait sous ses ordres, comme commandants des provinces, Camou à Alger, Pélissier à Oran, Saint-Arnaud à Constantine. Il aurait voulu signaler son gouvernement par la soumission de la Kabylie; il avait arrêté ses plans en conséquence et essaya de les faire agréer à Paris. Il n'y réussit pas et une sorte de transaction fut proposée par le général Randon, ministre de la Guerre; cette transaction, soutenue par La Moriciére, Bedeau, Cavaignac, Charon et acceptée par l'Assemblée législative, consistait à soumettre la Kabylie des Babors, qu'on prit l'habitude à cette époque d'appeler la Petite-Kabylie, c'est-à-dire la rive droite de la Soummam, avant d'aborder la Kabylie du Djurjura ou Grande-Kabylie. Mais le général d'Hautpoul, membre de l'Assemblée législative, ne pouvant exercer qu'un commandement temporaire, fut obligé de rentrer à Paris au bout de six mois, au moment où il allait commencer l'expédition sur laquelle il comptait pour s'illustrer. Pélissier prit l'intérim du gouvernement général, qu'il avait déjà exercé pendant les absences du général Charon et qu'il devait garder jusqu'à la nomination de Randon (11 décembre 1851) et le commandement de l'expédition de Kabylie fut donné au général Leroy de Saint-Arnaud.
 

LA KABYLIE

 
L'agitation qui s'était produite dans le Zab par la révolte de Zaatcha s'était également manifestée en Kabylie, où de nombreux chérifs avaient fait leur apparition. L'un d'eux, dont le véritable nom et la personnalité sont demeurés obscurs, se faisait appeler Bou-Baghla, l'homme à la mule; assez vulgaire mais intelligent, il allait de marché en marché, vendant des talismans, séduisant les Kabyles par des mensonges audacieux et des sortilèges grossiers. Il eut bientôt autour de lui plusieurs milliers d'hommes; de 1848 à 1851, des colonnes furent dirigées chaque année aux abords du massif du Djurjura ; elles avaient obligé à dégarnir le Sud, ce qui explique l'extension prise par l'affaire de Zaatcha. Les opérations de 1849 et de 1850 avaient été relativement sérieuses. En 1851, la colonne dirigée par Saint-Arnaud opéra de Mila à Djidjelli, pendant qu'une autre colonne dirigée par Camou couvrait Saint-Arnaud à l'Ouest entre Sétif et Bougie et obligeait Bou-Baghla à abandonner la vallée du Sahel; enfin Pélissier, pénétrant chez les Flissa et les Maatka, effectuait sur le massif kabyle la première emprise importante qu'on eût réalisée depuis Bugeaud. Le blocus se resserrait autour des Zouaoua du massif central; le capitaine Beauprête, connu pour sa sévérité et dont longtemps les mères kabyles firent peur à leurs enfants comme d'une sorte de croquemitaine, fut nommé caïd des Maatka à Dra-el-Mizan.
 
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