Les Kabyles envoyèrent des
délégués à Alger et promirent de ne plus assister
Bou-Baghla. Mais la soumission de la Kabylie, amorcée par
Bugeaud, ne devait être achevée que par Randon en 1857.
L'expédition de Kabylie valut à Saint-Arnaud le grade de
général de division, puis le commandement d'une division de
l'armée de Paris, enfin le ministère de la Guerre au 2
Décembre. Aussi a-t-on voulu voir dans cette campagne une
préparation au coup d'État. Au fond, l'expédition et le
choix de son chef étaient tout naturels et la politique
intérieure ne paraît y avoir eu qu'une part minime, si elle
l'eut réellement; c'est ce qu'explique Randon dans ses
Mémoires.
Mais on donna aux opérations un éclat inusité en les
faisant suivre par le commandant Fleury, aide de camp du
prince Louis-Napoléon et par des officiers étrangers.
Fleury, qui avait été présenté au prince par l'ancien
maréchal des logis Fialin de Persigny, était un brillant
officier de spahis, mais criblé de dettes qu'on lui paya; il
fut chargé de pressentir d'abord Pélissier en vue d'un coup
d'État et échoua; il s'adressa alors à Saint-Arnaud. On
note dans la correspondance de ce dernier les progrès que
l'idée faisait peu à peu dans son esprit : " Je suis
plus que jamais homme d'Afrique, écrivait-il, j'appartiens à
l'Afrique, je hais la guerre civile, laissez-moi en Afrique.
" Il finit cependant par accepter les offres qui lui
étaient faites. |