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Il allait faire, dans des
conditions assez défavorables et avec des colons dont la
plupart n'étaient même pas agriculteurs, mais avec des
crédits relativement considérables, les essais tant de fois
réclamés par le maréchal. |
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COLONISATION
EXTRAORDINAIRE. LES COLONIES AGRICOLES DE 1848 |
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Le Comité spécial de l'Algérie
de l'Assemblée Nationale allait apporter un projet de
colonisation, lorsqu'il fut devancé par le ministre de la
Guerre. Le décret-loi du 19 septembre 1848 ouvrit au ministre
de la Guerre un crédit de 50 millions, pour être
spécialement appliqué à l'établissement de colonies
agricoles en Algérie et aux travaux d'utilité publique
destinés à assurer la prospérité de ces colonies. Le
chiffre des colons était fixé à 12 000 pour l'année 1848.
On distinguait les colons cultivateurs ou qui déclaraient
vouloir le devenir et les ouvriers d'art. Les colons
cultivateurs recevaient une habitation, un lot de terres de 2
à 10 hectares, des semences, des instruments de travail, du
cheptel, des rations de vivres. Au bout de trois années, les
concessions devaient être mises en valeur sous peine de
dépossession. Une commission nommée par le chef du pouvoir
exécutif devait vérifier les titres des colons et désigner
ceux qui seraient appelés à bénéficier du décret. Un
arrêté du ministre de la Guerre du 27 septembre 1848
détermina les mesures de détail propres à assurer
l'exécution du décret de l'Assemblée Nationale. Enfin la
loi du 18 novembre 1848 éleva de 12 000 à 13 500 le nombre
des colons.
La commission chargée d'examiner les demandes des candidats
à l'émigration, présidée par Trélat, comprenait six
représentants du peuple, deux maires de Paris, deux
médecins, trois fonctionnaires du ministère de l'Intérieur.
On voulait que les premiers colons fussent en route avant le
petit terme du 8 octobre et on les destinait au village de
Saint-Cloud, créé aux environs d'Oran. Sur la Seine,
d'immenses radeaux amarrés au quai de Bercy recevaient les
émigrants avec leur mobilier. Ils devaient voyager sous la
conduite du capitaine du génie Chaplain, appelé à diriger
les travaux d'installation du village et d'un père de famille
sur chaque bateau. Les colons partirent au milieu d'un grand
enthousiasme; après la bénédiction donnée par
l'archevêque de Paris, La Moricière remit un drapeau aux
émigrants et prononça un discours : " C'est au travail
intelligent et civilisateur, disait-il, d'achever ce que la
force a commencé. La poudre et la baïonnette ont fait en
Algérie ce qu'elles pouvaient faire, c'est à la bêche et à
la charrue d'accomplir leur tâche. " Le long convoi
démarra, tandis que les musiques jouaient la Marseillaise et
que la foule amassée sur les deux rives poussait des
acclamations. A Melun, les colons, qu'on prit pour des
insurgés de juin, furent assez mal accueillis. |
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