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En vingt ou vingt-cinq jours, le
convoi remontait la Seine, passait par le canal de Bourgogne,
descendait le cours du Rhône, puis était remorqué jusqu'à
Marseille; de là, les navires de l'État allaient déposer
les émigrants sur la terre algérienne. Une douzaine de
convois de ce genre furent organisés et en 1850 on avait
transporté environ 20 000 personnes.
En vertu de la loi du 24 janvier 1850, les insurgés de juin
détenus à Belle-Île devaient être transférés en Algérie
et réunis dans un établissement disciplinaire spécial,
entièrement séparé des colonies agricoles prévues par le
décret du 19 septembre 1848 ; au bout de cinq ans, ceux dont
la conduite était bonne pouvaient obtenir une concession
provisoire, qui devenait définitive sept ans après. |
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On en envoya 450, qui furent
internés dans la kasba de Bône en attendant que le
pénitencier de Lambèse fût prêt à les recevoir.
Il existait en Algérie en 1848 une cinquantaine de villages
européens et environ 20 000 habitants ruraux. L'émigration
projetée devait doubler en quelques mois le nombre des
centres agricoles et installer du premier coup 13 500 colons.
Le territoire civil ne pouvant y suffire, on s'adressa au
territoire militaire. Les travaux préparatoires étaient
exécutés par des officiers du génie ; les maisons étaient
toutes construites sur le même modèle; à défaut
d'élégance, on pouvait espérer qu'elles seraient d'une
parfaite solidité; mais, en beaucoup d'endroits, les
entrepreneurs employèrent de mauvais matériaux et commirent
des malversations ; en revanche, les fortifications furent
très soignées. Les villages une fois achevés, les officiers
de toute arme se partageaient la direction de chacun d'eux
avec les attributions de commandants de place. |
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