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  L'ALGÉRIE SOUS LA SECONDE RÉPUBLIQUE (1848-1851)  
     
   Quarante-deux colonies furent ainsi créées : 12 dans la province d'Alger, 21 dans la province d'Oran, 9 dans la province de Constantine.
Les villages de la province d'Alger étaient Castiglione et Tefeschoun, aux environs de Koléa, Novi et Zurich aux environs de Cherchel, Marengo, El-Affroun, BouRoumi entre Cherchel et Blida, Lodi et Damiette dans la région de Médéa, la Ferme et Pontéba aux environs d'Orléansville, Montenotte près de Ténès ; dans la province d'Oran, la mieux partagée des trois, les villages furent groupés aux environs d'Oran (Hassi-Ameur, Hassi-ben-Ferah, Hassi-ben-Okba, Hassi-bou-Nif, Saint-Louis, Fleurus, Mangin), aux environs d'Arzew (Saint-Cloud, Saint-Leu, Damesme, Arzew, Moulay-Magoun, Kléber, Méfessour) et aux environs de Mostaganem (Aboukir, Rivoli, Toumin, Karouba, Aïn-Nouissy, Ain-Tedlès, Sour-el-Mitou) ; il y avait une soixantaine de concessions par village, sauf à Saint-Cloud où le périmètre était plus important.
Dans la province de Constantine, on fonda Gastonville, Robertville, Jemmapes, dans la région de Philippeville ; Mondovi, Barral dans la région de Bône ; Guelma, Héliopolis, Millésimo, Petit dans la banlieue de Guelma ; les villages étaient ici moins nombreux, mais plus importants que dans la banlieue d'Oran ; chacun d'eux comptait 3 000 colons.

Les concessions étaient très peu étendues : 2 à 10 hectares. Il en résulta des dépenses inutiles, car il fallut par la suite les réunir deux à deux. Surtout, et ce fut la principale cause des échecs, ces ouvriers parisiens n'étaient nullement préparés aux travaux des champs. Il y avait parmi eux des horlogers, des ébénistes, des commis de magasins de nouveautés ou de modes; mais les indigènes n'achètent pas de meubles et les modes les plus nouvelles ne tentent pas leurs femmes. Les colons improvisés ne savaient pas se servir des instruments aratoires, employaient les semences à contretemps; dans les notes mensuelles qui les concernent, on trouve des mentions comme celle-ci : " N'entend rien aux travaux de la campagne, a une peur affreuse de son bœuf. " On leur faisait des avances de grains, d'animaux, de matériel agricole, on leur fournissait des rations de vivres, on faisait même labourer leurs champs par des soldats ou par des indigènes. Mais il était difficile d'apprendre l'agriculture à des gens qui jusque-là n'avaient manié que la navette ou le tire-pied. Or, dans certains villages, à Saint-Cloud par exemple, on comptait à peine 9 pour 100 d'agriculteurs.
D'autres difficultés provenaient du travail en commun, qui avait été prôné dans les clubs comme offrant la solution du problème social, mais que, devenus colons, les émigrants étaient unanimes à repousser. Enfin les professeurs et les moniteurs des nouveaux venus n'étaient guère mieux préparés que leurs élèves. Il y en eut quelques-uns d'excellents, comme le capitaine de Malglaive, savant officier du génie en même temps que philosophe humanitaire, qui commandait à Marengo, ou le capitaine Lapasset, qui dirigeait Montenotte.

 
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