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Quarante-deux
colonies furent ainsi créées : 12 dans la province d'Alger,
21 dans la province d'Oran, 9 dans la province de Constantine.
Les villages de la province d'Alger étaient Castiglione et
Tefeschoun, aux environs de Koléa, Novi et Zurich aux environs de
Cherchel, Marengo, El-Affroun, BouRoumi entre Cherchel et Blida,
Lodi et Damiette dans la région de Médéa, la Ferme et Pontéba
aux environs d'Orléansville, Montenotte près de Ténès ; dans la
province d'Oran, la mieux partagée des trois, les villages furent
groupés aux environs d'Oran (Hassi-Ameur, Hassi-ben-Ferah,
Hassi-ben-Okba, Hassi-bou-Nif, Saint-Louis, Fleurus, Mangin), aux
environs d'Arzew (Saint-Cloud, Saint-Leu, Damesme, Arzew,
Moulay-Magoun, Kléber, Méfessour) et aux environs de Mostaganem
(Aboukir, Rivoli, Toumin, Karouba, Aïn-Nouissy, Ain-Tedlès,
Sour-el-Mitou) ; il y avait une soixantaine de concessions par
village, sauf à Saint-Cloud où le périmètre était plus
important.
Dans la province de Constantine, on fonda Gastonville, Robertville,
Jemmapes, dans la région de Philippeville ; Mondovi, Barral dans la
région de Bône ; Guelma, Héliopolis, Millésimo, Petit dans la
banlieue de Guelma ; les villages étaient ici moins nombreux, mais
plus importants que dans la banlieue d'Oran ; chacun d'eux comptait
3 000 colons.
Les concessions étaient très peu étendues : 2 à 10 hectares.
Il en résulta des dépenses inutiles, car il fallut par la suite
les réunir deux à deux. Surtout, et ce fut la principale cause des
échecs, ces ouvriers parisiens n'étaient nullement préparés aux
travaux des champs. Il y avait parmi eux des horlogers, des
ébénistes, des commis de magasins de nouveautés ou de modes; mais
les indigènes n'achètent pas de meubles et les modes les plus
nouvelles ne tentent pas leurs femmes. Les colons improvisés ne
savaient pas se servir des instruments aratoires, employaient les
semences à contretemps; dans les notes mensuelles qui les
concernent, on trouve des mentions comme celle-ci : " N'entend
rien aux travaux de la campagne, a une peur affreuse de son bœuf.
" On leur faisait des avances de grains, d'animaux, de matériel
agricole, on leur fournissait des rations de vivres, on faisait
même labourer leurs champs par des soldats ou par des indigènes.
Mais il était difficile d'apprendre l'agriculture à des gens qui
jusque-là n'avaient manié que la navette ou le tire-pied. Or, dans
certains villages, à Saint-Cloud par exemple, on comptait à peine
9 pour 100 d'agriculteurs.
D'autres difficultés provenaient du travail en commun, qui avait
été prôné dans les clubs comme offrant la solution du problème
social, mais que, devenus colons, les émigrants étaient unanimes
à repousser. Enfin les professeurs et les moniteurs des nouveaux
venus n'étaient guère mieux préparés que leurs élèves. Il y en
eut quelques-uns d'excellents, comme le capitaine de Malglaive,
savant officier du génie en même temps que philosophe humanitaire,
qui commandait à Marengo, ou le capitaine Lapasset, qui dirigeait
Montenotte.
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