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  L'ALGÉRIE SOUS LA SECONDE RÉPUBLIQUE (1848-1851)  
     
   Mais c'étaient forcément des exceptions.

" Ce doit être une rude besogne, écrivait Bugeaud à Charon, que la création de tant d'établissements à la fois. Les gens d'Alger et de France ne se doutent guère des difficultés qu'il y a ; ils s'imaginent qu'il n'y a qu'à lâcher les hommes sur la terre comme des lapins pour qu'ils vivent. " Le lotissement des terres n'était pas achevé à l'arrivée des colons, par suite de l'insuffisance du service topographique, sur lequel le gouverneur n'avait aucune action. Charon demandait qu'on employât les troupes aux travaux de défrichement; il proposait de placer auprès de chaque directeur de colonie un agriculteur algérien qui aurait servi de moniteur; il proposait aussi de combler les vides qui se produiraient avec d'anciens soldats libérés choisis avec soin parmi les cultivateurs. Il souhaitait enfin qu'avant de fonder de nouveaux centres, on donnât à ceux qui avaient été créés en 1848 le temps et les moyens de se développer.

On a prétendu que ces colons de 1848 étaient paresseux, ivrognes, débauchés, indisciplinés, passant leur temps à boire et à faire de la politique. Ces reproches ont été exagérés par l'esprit de parti lors de la réaction qui a suivi : " L'esprit des colons n'est pas mauvais, écrivait Charon à Cavaignac ; malheureusement, ils manquent d'énergie et de force et ignorent pour la plupart les travaux de l'agriculture. " Il estimait qu'un tiers de ces colons était appelé à réussir. Il faut dire, à la décharge des colons de 1848, qu'ils rencontrèrent des difficultés inouïes; ils furent très éprouvés par les fièvres paludéennes, par la dysenterie, par les épidémies de choléra de 1849 et de 1850; les récoltes des premières années furent fort mauvaises. Ils firent preuve de beaucoup d'endurance et c'est merveille, vu les conditions et les circonstances de la tentative, que l'échec n'ait pas été plus complet.

Les colons de 1848 n'étaient qu'un premier contingent. D'autres devaient suivre à l'automne de 1849. La loi du 19 mai 1849 alloua 5 nouveaux millions pour l'établissement de 6 000 colons et l'administration prépara 12 nouveaux villages pour les recevoir : 5 dans la province d'Alger, Ameur-el-Aïn et Bourkika dans la région de Blida ; Aïn-Benian, Bou-Medfa et Aïn-Sultan dans la région de Miliana ; 5 dans la province d'Oran, Bled-Touaria, Aïn-Sidi-Chérif, Aïn-bou-Dinar et Pontdu-Chélif aux environs de Mostaganem ; Bou-Tlelis aux environs d'Oran ; 2 dans la province de Constantine, Ahmed-ben-Ali et Sidi-Nasseur aux environs de Jemmapes. On construisit 700 maisons, on fit les travaux d'adduction d'eau et de chemins nécessaires. Charon obtint qu'une partie du crédit fût consacrée à compléter l'établissement des colons envoyés en 1848.

 
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