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Le gouvernement déclarait
renoncer au système suivi en vertu de la loi du 19 septembre
1848 ; afin de ménager les intérêts du Trésor, il
proposait de peupler les douze villages construits en 1849
avec des cultivateurs de France ou d'Algérie qui
justifieraient de ressources suffisantes pour pourvoir à leur
installation. On concéderait à chacun d'eux une maison
bâtie et 8 à 10 hectares de terres sans subvention d'aucun
genre; on grouperait autant que possible dans chaque nouveau
centre des populations originaires du même département. L'Assemblée,
dans sa séance du 10 juin 1851, donna son adhésion à ce
programme.
En 1851, on se borna à doter les centres des travaux
d'utilité publique et des voies de communication qui leur
manquaient encore; surtout, on remplaça graduellement les
premiers colons par des agriculteurs de profession. Les très
mauvaises récoltes de 1849-1851 obligèrent à prolonger les
allocations de vivres jusqu'en mars 1852 et un nouveau crédit
de 1 200 000 francs, dont 700 000 francs pour les travaux
publics, fut accordé par le décret du 10 décembre 1851. A
la fin de 1852, les titres de propriété définitifs furent
délivrés aux colons qui avaient mis en valeur leur
exploitation. A partir du ter janvier 1853, les colonies
agricoles de 1848 passèrent en territoire civil et se
confondirent avec les autres centres de population.
D'après les documents officiels, les 42 colonies agricoles de
1848 comptaient, au 31 décembre 1851, 10 450 habitants; on en
avait amené 20 000, dont 12 000 en 1848 et 8 000 en
1849-1850. Parmi eux, 3 000 étaient morts, 7 000 avaient
abandonné leur concession ou étaient rentrés en France. On
comptait 3 071 concessionnaires, dont 1 858 anciens
cultivateurs, 831 anciens militaires, 383 de professions
diverses. Les colons possédaient 26 000 hectares de terres,
dont 15 000 avaient été défrichés et 11 000 ensemencés,
et 5 000 têtes de bétail. C'était là, si on tient compte
des conditions défectueuses dans lesquelles l'expérience
avait été conduite, des résultats moins mauvais qu'on
n'aurait pu le craindre. |
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COLONISATION
ORDINAIRE ET COLONISATION LIBRE |
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Par suite de la création des
colonies agricoles de 1848, on restreignit pendant cette
période les nouvelles créations de centres sur les crédits
ordinaires de la colonisation et les petits concessionnaires
furent casés dans les colonies subventionnées. On continua
cependant à créer des villages nouveaux, à peupler les
anciens centres, à accorder des concessions en dehors des
villages. On faisait d'ailleurs appel comme précédemment à
l'élément étranger en même temps qu'à l'élément
national pour le peuplement ; l'Algérie reçut quelques
contingents d'Espagnols, de Suisses, d'Allemands, d'Irlandais
: " Vous avez deux moyens, écrivait en 1847 le baron de
Vialar au ministre de la Guerre, d'établir une population
française en Algérie : c'est d'y faire venir des
Français et d'y rendre Français les Européens qui y sont
déjà ou qui y arriveraient. |
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