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  L'ALGÉRIE SOUS LA SECONDE RÉPUBLIQUE (1848-1851)  
     
   On groupait cependant des Européens à Allelick et à El-Hadjar dans la région de Bône, au Khroub dans la vallée du Bou-Merzoug, enfin dans la banlieue de Batna et de Sétif.
La colonisation libre progressait également. " L'administration ne perd pas de vue, dit un document officiel, que la colonisation pour se développer a besoin du concours des bras et des capitaux. Aussi ne néglige-t-elle rien, soit pour rattacher la grande à la petite propriété dans les villages, soit pour provoquer par de grandes concessions l'établissement de grandes fermes entre les villages. " Une concession de 600 hectares sur les bords du Safsaf fut accordée par un arrêté du 27 avril 1848 à M. Thémistocle Lestiboudois, moyennant une rente annuelle de 2 francs par hectare, à charge d'établir 18 familles européennes sur les terrains concédés et de les mettre en culture. La colonisation libre se développait dans le Sahel et la Mitidja, où elle couvrait 14 000 hectares. La ferme Bastide, près de l'Arba, comportait des constructions importantes; on y cultivait la luzerne et le tabac, on y faisait de l'élevage; la ferme Billon, à l'Oued-Corso, appartenant à des Lyonnais, couvrait 900 hectares consacrés à la culture des céréales et du mûrier. La colonisation libre marquait aussi quelque avance dans les environs de Constantine, de Philippeville, de Bône, de Guelma (fermes Lavie, Guiraud). Une exploitation forestière se créait à La Calle, une exploitation de plomb argentifère à Kef-oum-Theboul.

A la fin de 1851, 4 773 concessions avaient été accordées; elles portaient sur 19 000 hectares (Alger 13 000, Oran 3 000; Constantine 3 000). La population européenne atteignait 131 000 habitants ; son développement avait été retardé par la crise financière de 1845-46, par la révolution de 1848 et par les épidémies de choléra. La population de la province d'Alger, qui au début absorbait la plus grande partie des éléments européens, avait diminué (57 000 Européens en 1851 au lieu de 73 000 en 1846), pendant que la province d'Oran (47 000 Européens) et celle de Constantine (27 000 Européens) progressaient. Sur ces 131 000 Européens, la population urbaine comptait pour 85 000, la population rurale non-agricole pour 13 000, la population rurale agricole pour 33 000. L'élément français, 66 000, et l'élément étranger, 65 000, se faisaient à peu près équilibre; ils étaient en nombre égal dans la province d'Alger; les Français avaient la supériorité dans la province de Constantine; ils étaient moins nombreux que les étrangers dans la province d'Oran, où affluaient les Espagnols.

Les expériences faites amenaient à certaines conclusions que l'histoire de l'Algérie a toujours confirmées depuis. Elles montraient qu'il n'est pas possible de faire dans ce pays de l'émigration à dose massive comme aux États-Unis.

 
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