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La culture de l'olivier s'étendait dans la province d'Oran, autour
de Saint-Denis-du-Sig et de Tlemcen ; pour l'encourager, des primes
étaient données aux constructeurs des moulins à huile les mieux
outillés. La culture du tabac était prospère; la récolte de 1851
était évaluée à 746 000 kilogrammes, dont 446 000 provenant des
colons. Les mûriers donnaient 7 800 kilogrammes de cocons, qui
étaient achetés par la Pépinière centrale et après filature
envoyés à Lyon, où ils étaient très appréciés. On plantait le
nopal à cochenille, qui donnait satisfaction à la teinturerie. La
garance, que cultivait M. Chirat dans le Bou-Merzoug, était l'objet
de rapports favorables de la Chambre de commerce de Louviers et de
Chevreul à la manufacture des Gobelins. Le chanvre, le lin, le
coton donnaient des résultats assez encourageants. On essayait un
peu au hasard le pavot, l'arachide, le sésame, le ricin, les
plantes odoriférantes. On importait des plants de quinquina du
Pérou et divers végétaux de Bahia.
Une première exposition agricole eut lieu à Alger en 1848, suivie
de plusieurs autres dans les trois provinces. On y vit figurer du
bétail, des céréales, des pommes de terre, des betteraves, du
lin, du chanvre, des huiles d'olive, du tabac, de la soie.
L'Algérie fut honorablement représentée à l'exposition de
Londres en 1851 par des cotons, des huiles, des céréales, de la
soie, de la garance; on y remarquait du papier fabriqué avec la
fibre du palmier nain et un manteau en fil d'aloès. " C'est en
Algérie, disait un des membres du jury, que sont l'avenir et la
fortune de la France."
Parmi les progrès réalisés par les indigènes, on signale
surtout les constructions. Un millier d'habitations privées ont
été construites à notre instigation dans la province d'Alger, 800
dans la province d'Oran, 400 dans la province de Constantine; elles
ont coûté 2 millions et demi et ces constructions ont donné du
travail aux ouvriers européens pendant la crise de 1848. Des
caravansérails ont été édifiés aux frais des tribus pour
jalonner les routes. Des fondouks, des bains maures ont été
installés. " Le gouvernement de l'Algérie, dit un rapport
officiel, a appliqué sa plus vive sollicitude à attacher les
Arabes au sol par la propriété et les plantations, afin
d'anéantir complètement l'obstacle matériel qui a entravé si
longtemps la pacification du pays. Les résultats obtenus sont de
nature à encourager de nouveaux efforts. "
On trouve dans les documents de l'époque assez peu de
renseignements sur la production agricole indigène, dont on ne
semble pas connaître ou comprendre toute l'importance. On signale
cependant les greffages d'oliviers et les plantations d'arbres à
fruits, en particulier dans le village indigène de Zmala près de
Ténès, dirigé par Lapasset ; des efforts sont faits pour
l'amélioration de la race chevaline, notamment par l'organisation
de courses de chevaux auxquelles les indigènes se plaisent à
participer.
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