Randon était personnellement
partisan du peuplement démocratique et de la petite
propriété : " Dans l'ensemble des faits de la
colonisation, écrivait-il en 1857, il en est un qui domine
tous les autres, c'est le succès incontestable et presque
immédiat de la petite propriété. C'est surtout la petite
propriété quia contribué, plus que tout autre système, au
peuplement agricole du pays. Moins préoccupé que le grand
propriétaire de la cherté et de la rareté de la main-d'œuvre
étrangère, dont il a moins besoin, le petit propriétaire,
installé dans les villages ou ailleurs, s'établit de sa
personne, cultive de ses bras, bâtit de ses deniers et forme
souche d'une génération destinée à vivre sur le sol. C'est
donc à l'installation du plus grand nombre de colons de cette
catégorie que l'administration doit s'attacher
particulièrement. "
Un certain nombre de villages nouveaux sont installés
pendant cette période. L'aire d'expansion de la colonisation
s'étale peu à peu. Dans le département d'Alger, le
peuplement de la Mitidja s'achève par l'Est et l'extrême
Ouest; en 1852 sont fondés Sidi-Moussa près de l'Arba et
Chaïba près de Koléa, en 1853 Aïn-Taya et Matifou, en
18541a Reghaïa. La colonisation remonte l'Oued Djer,
s'installe dans le haut Chélif, aborde la plaine d'Aumale et
les premiers contreforts kabyles. En Oranie, de nouveaux
villages ferment le cercle autour de la Sebkha, montent sur le
Tessala, s'avancent dans le bas Chélif et le Dahra. A l'Est,
les plateaux de Sétif et de Constantine, les coteaux de
Guelma se peuplent peu à peu. On fait des essais de
peuplement régional; Aïn-Benian, devenu Vesoul-Benian,
reçoit des émigrants de la Haute-Saône, Aïn-Sultan des
Alsaciens et des Provençaux, Bled-Touaria des Alsaciens et
des Lorrains. On continue à faire appel aux éléments
étrangers, notamment aux Allemands, qui peuplent Sidi-Lhassen,
Oued-el-Hammam, Aïn-Sidi-Chérif dans la province d'Oran,
Penthièvre et Guelaat-bou-Sba dans la province de
Constantine. On complète la dotation des anciens centres et
on agrandit leur territoire, on les pourvoit de chemins, de
fontaines, de norias, de moulins. |