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Les travaux de défrichement,
l'ignorance des règles de l'hygiène, les installations
défectueuses, les épidémies de choléra entraînaient une
mortalité très élevée et l'on doutait même si les
Européens pouvaient s'acclimater en Algérie. A partir de
1856, le nombre des naissances a toujours été supérieur à
celui des décès et à chaque recensement quinquennal, la
population européenne gagne 50 000 âmes. Au total, elle
passe de 131 000 habitants en 1851 à 189 000 en 1858; les
Français, qui, en 1851, étaient 66 000 contre 65 000
étrangers, sont, en 1858, 107 000 contre 74 000 étrangers.
La colonie était définitivement fondée.
La situation économique tendait aussi à s'améliorer. La
surface cultivée en céréales était évaluée à 750 000
hectares en 1854, à plus de deux millions d'hectares en 1861
: chiffres dans lesquels il ne faut avoir assurément qu'une
confiance limitée. Des décrets de 1853 encouragèrent la
culture du coton; l'administration achetait la récolte, comme
elle le faisait déjà pour le tabac. La superficie cultivée
en coton passa de 52 hectares en 1852 à 1900 hectares en 1856
et la production s'éleva à 20 000 quintaux. On crut un
instant que cette culture allait devenir pour l'Algérie ce
qu'elle avait été pour l'Égypte de Méhémet-Ali ; on ne
prenait pas assez garde qu'il manque à l'Algérie d'avoir
l'eau en aussi grande abondance que la vallée du Nil.
Sous l'influence bienfaisante de la loi de 1851, qui
supprimait la barrière douanière entre la France et
l'Algérie, le commerce extérieur faisait de grands progrès;
le total des exportations doublait en un an. Le commerce total
passait de 83 millions à 157 millions (importations 109
millions, exportations 48 millions). |
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LES TRAVAUX PUBLICS |
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En matière d'outillage
économique, on a presque toujours procédé en Algérie avec
beaucoup de timidité; on n'a pas vu assez grand, on n'a pas
suffisamment fait confiance au pays et à son avenir.
Cependant les travaux publics reçurent sous le gouvernement
de Randon une assez vive impulsion.
De nombreux projets avaient été élaborés de 1837 à 18,48
en vue de la création d'un port à Alger, parmi lesquels un
des plus remarquables était celui de l'ingénieur Poirel, qui
inventa le système des blocs factices en béton immergés
pour servir d'assises aux jetées. Aucun de ces plans ne fut
exécuté avec méthode et esprit de suite. Le programme de
1848 comportait cependant 41 millions de travaux, et en 185o
on avait une surface d'eau abritée de 80 hectares; en 1854,
les deux jetées étaient terminées, les quais construits. |
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