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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
   on se contenta de porter de six à huit le nombre des compagnies dans chacun des bataillons existants. Les troupes de cavalerie avaient été à l'origine établies sur le littoral, et malgré les progrès de la conquête, on les y avait laissées. Randon demanda qu'elles fussent reportées dans l'intérieur, où les intérêts de notre domination réclamaient leur présence et où la remonte pourrait s'effectuer dans de meilleures conditions. Les spahis furent destinés à occuper les limites du Tell et à garder les frontières; pour assurer leur bon recrutement et en faire des instruments utiles de notre domination, il fallait ne pas les éloigner de leur vie habituelle et leur éviter les détails d'un service minutieux, sans but comme sans utilité pour eux. Randon proposa de les grouper en smalas, avec un bordj central, dépôt de munitions et de vivres, des terres de labour et de parcours où ils vivraient sous la tente avec leurs familles et leurs troupeaux, prêts à monter à cheval en cas d'appel. On attendait de l'établissement des smalas, outre les avantages militaires, des progrès de l'agriculture et de l'élevage du cheval.

Pendant la guerre de Crimée, l'Algérie fut presque dégarnie de troupes ; elle fournit 30 000 hommes de ses meilleurs régiments et n'en conserva que 40 ou 45 000. Elle assura aussi en partie les approvisionnements de l'armée d'Orient. "L'intervention de l'Algérie dans cette grande lutte, écrivait à Randon l'intendant général Darrican, donne la mesure de cette jeune puissance dans la Méditerranée; elle constitue un fait de guerre considérable, dont on ne connaîtra toute la portée que lorsqu'on récapitulera avec impartialité la somme des efforts que vous avez produits à l'intérieur de votre commandement sans affaiblir la situation de l'Algérie, en étendant au contraire les limites de notre territoire et en créant dans l'Algérie de nouveaux éléments de puissance militaire et de colonisation. " "Personne n'oubliera, écrivait de son côté Bosquet, que l'Afrique nous a donné nos soldats d'avant-garde, ceux de l'Alma et d'Inkermann, que vous nous avez tout envoyé et que vous avez accepté la sérieuse et belle mission de maintenir et de développer notre colonie avec des conscrits dont vous ferez bientôt de vieilles troupes. "
L'instruction des jeunes soldats fut en effet très vivement poussée pour assurer la tranquillité de la colonie. Des travaux de routes furent entrepris; des détachements de cavalerie sillonnèrent le pays ; diverses précautions furent prises. On fit en particulier connaître aux tribus que la guerre dans laquelle nous étions engagés avait pour but de porter secours au sultan contre ses ennemis. Non seulement la tranquillité ne fut pas troublée, mais la marche des affaires demeura parfaitement normale. Cette expérience témoigna que la conquête était solide. Il ne restait plus à soumettre, pour qu'elle fût complète, que le Sud et la Kabylie.

 
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