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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  

II

 

LE SUD. LAGHOUAT ET LE MZAB

 
Ni les Romains, ni les Turcs n'avaient occupé le Sahara proprement dit. Le limes romain, comme on l'a vu, laissait en dehors même les grandes steppes de la province d'Oran et de la province d'Alger, la région que nos soldats appelaient le " Petit-Désert. " Les Turcs s'étaient peu occupés du Sud; ils n'y avaient fait que quelques expéditions isolées et se bornaient en général à interdire les marchés du Tell aux insoumis et à percevoir sur les Sahariens le droit d'eussa lorsqu'ils se présentaient sur les marchés. Bugeaud avait eu lui aussi son limes, sa ligne de postes de Batna à Sebdou destinée à fermer aux nomades l'accès des régions de culture et de colonisation. Le Tell une fois conquis, nous aurions pu, comme l'avaient fait nos prédécesseurs, nous désintéresser du Sud, resserrer les mailles de notre réseau dans le Tell, contrôler le ravitaillement des nomades et au delà faire jouer à notre profit les influences locales. Nous fûmes amenés à intervenir au Sahara pour deux raisons : l'une, excellente, était la nécessité de pacifier les régions sahariennes pour avoir la tranquillité dans le Tell; l'autre, moins bonne, était tirée des illusions qu'on se faisait à cette époque sur la valeur économique du Sahara et du commerce transsaharien.
Randon fut l'initiateur de cette politique saharienne. Au début de son gouvernement, une agitation assez vive avait été provoquée dans le Sud par un indigène originaire des environs de Tlemcen, qui se faisait appeler Mohammed-ben Abdallah : c'était un personnage assez médiocre, qui n'avait pas l'étoffe nécessaire pour jouer les Abd-el-Kader. La Turquie encourageait ses intrigues; en revenant de la Mecque, il avait débarqué à Tripoli, avait gagné Rhadamès, puis Touggourt et Ouargla, où il s'était fait proclamer sultan. La grande tribu des Larbâ fit défection, l'agitation s'étendit assez rapidement, gagnant le Sud-Oranais et le Sud-Constantinois et Mohammed-ben-Abdallah entra à Laghouat, appelé par un des deux sofs entre lesquels se partageait la population; les Mozabites le ravitaillaient en armes et en munitions. Un poste fut créé à Djelfa, à mi-chemin entre Boghar et Laghouat et l'idée de l'occupation de Laghouat commença à se faire jour: " L'importance de ce poste, écrivait Randon au ministre de la Guerre, n'est plus à démontrer. Il faut avoir sur ce point une garnison d'une certaine importance et un officier français. Sous le commandement de cet officier, Laghouat sera l'avancée dans le Sud de notre occupation régulière de l'Algérie.
 
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