Elle marquera la
limite extrême que nous ne saurions dépasser sans
exagération. " |
Trois colonnes furent formées :
l'une à Djelfa, aux ordres de Yusuf ; une autre à El-Biodh (Géryville),
commandée par Pélissier, une troisième à Bou-Sahaa avec
Mac-Mahon, pour couvrir la région de Biskra. Les colonnes
réunies de Yusuf et de Pélissier entreprirent le siège de
Laghouat et s'en emparèrent le 4 décembre 1852, après un
assaut presque aussi meurtrier que celui de Zaatcha. Nos
pertes étaient élevées; le 2e zouaves avait 60 hommes hors
de combat ; le général Bouscaren, légendaire par sa
bravoure et son affabilité, le commandant Morand, non moins
chevaleresque et héroïque, moururent des suites de leurs
blessures.
La question se posait de savoir s'il fallait occuper
définitivement Laghouat. Pélissier consulté se prononça
affirmativement : " Pour avoir la paix dans le Tell,
dit-il, il faut être maître du Sahara, sinon il faut
s'attendre à y voir renaître des orages. Tout s'étaie en
Algérie; si une partie de l'édifice est mal assise, tout est
bientôt compromis. Il faut donc arriver au plus tôt à une
administration française et à un commandement immédiat des
tribus sahariennes, comme complément de ce qui existe dans le
Tell. " |
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On pensa un instant
à détruire Laghouat et à raser la palmeraie; pendant
plusieurs jours on travailla à couper les palmiers, et on
voit encore dans l'oasis la grande avenue qui fut ainsi
pratiquée.
" Il y avait trois partis à prendre, dit Randon : nous
établir dans la ville et en faire un poste avancé vers les
régions sahariennes, l'abandonner en laissant à ses anciens
habitants le soin de la relever de ses ruines, enfin raser la
ville, détruire les jardins et nous débarrasser ainsi du
soin de sa conservation et de l'inquiétude que plus tard elle
pourrait encore nous donner. Le dernier de ces projets eût
été un acte de vandalisme et l'abandon de toute intervention
directe dans le Sud; le second aurait permis au Chérif de
reprendre l'œuvre que nous avions interrompue et de s'assurer
d'un point d'où il pût dominer le Sahara. |