Pour achever de pacifier le
Sahara algérien, un autre essai de protectorat fut tenté
dans le Sud-Oranais avec les Ouled-Sidi-Cheikh, groupement à
la fois religieux et militaire, dont les dirigeants
prétendent descendre d'Abou-Bekr, beau-père du prophète, et
se groupent autour de la zaouïa d'El-Abiodh, fondée au
seizième siècle par leur ancêtre Sidi-Cheikh. Ce groupement
comprend deux branches : les Cheraga et les Gharaba (de l'Est
et de l'Ouest), presque toujours en lutte l'une contre
l'autre. En 1852, le chef des Ouled-Sidi-Cheikh Cheraga était
Si-Hamza-ben-Bou-Bekeur, personnage singulier, très
versatile, extrêmement avide; c'est, disait-on, une tirelire
qui reçoit toujours et ne rend jamais. Il avait, comme
beaucoup d'indigènes nord-africains, des alternatives
d'activité sans bornes et d'extrême paresse. Son ambition
était de commander à tout le Sud, sinon jusqu'à Tombouctou
comme on le lui demandait, du moins depuis Ouargia jusqu'au
Touat.
On plaça auprès de lui le capitaine de Colomb, avec un
rôle analogue à celui des résidents dans les pays de
protectorat. Appuyés de loin par des colonnes françaises,
les goums de Si-Hamza pourchassèrent Mohammed-ben-Abdallah à
travers le désert, le battirent à Ngoussa et l'obligèrent
finalement à se réfugier dans le Djerid tunisien. Si-Hamza
fit une entrée triomphale à Ouargla, où le gouverneur
général le rejoignit pour donner l'investiture aux chefs
indigènes des tribus nouvellement soumises. En récompense de
ses services, Si-Hamza reçut, avec le titre de khalifa, le
commandement de tout le Sahara depuis Géryville jusqu'à
Ouargla, érigé pour lui en une sorte de protectorat.
Quoiqu'il fût très difficile à manier, on ne peut contester
qu'il nous ait rendu de grands services et ait été pendant
cette période le principal agent de notre expansion dans le
Sud; il sacrifia tout, non certes à notre amitié, mais à la
grande position que nous lui avions faite. |