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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
En 1860-61, le commandant Colonieu et le lieutenant Burin, accompagnés de Si-Bou-Beker, fils de Si-Hamza, se joignirent à la caravane annuelle qui de Géryville se rendait au Gourara en vue d'y échanger les laines algériennes contre les dattes des oasis. L'échec fut complet; les ksours fermèrent leurs portes aux deux officiers : " Vous avez tué notre commerce, leur dirent-ils, en interdisant le trafic des esclaves ; vous voulez, dites-vous, les produits du Soudan : achetez donc des négresses, le reste du commerce soudanien n'est rien. "
DUVEYRIER  
On chercha à tirer parti de la visite des Touaregs à Alger. En 1856, le capitaine de Bonnemain fut envoyé à Rhadamès pour étudier la situation commerciale de la ville et montrer aux autorités et aux principaux commerçants tout l'intérêt qu'ils avaient à lier avec les marchés sud-algériens des relations plus suivies. En 1858, un interprète militaire, Bou-Derba, fut envoyé à Rhat. Enfin, en 1860, un jeune homme de dix-huit ans, Henri Duveyrier, doué d'une rare énergie et de remarquables qualités d'observateur, accomplit avec succès une belle exploration chez les Touaregs Azdjer. Il était le fils d'un Saint-Simonien de marque et l'élève de Barth ; il devait à son père, disciple d'Enfantin, ami de Michel Chevalier, de Barrault, de Péreire, de d'Eichtal, d'Urbain, de Félicien David, des idées généreuses et aussi quelques illusions. Son entreprise réussit grâce au concours de Cheikh-Othman.
D'El-Oued, il se rendit d'abord à Rhadamès, où il fut rejoint par Ikhenoukhen, amenokal des Azdjer. Arrêté quelque temps dans cette ville par les tracasseries des autorités turques, il n'en triompha qu'en se rendant lui-même à Tripoli, d'où il revint muni de recommandations du pacha et du consul général de France Botta. Il put alors partir pour Rhat avec Cheikh-Othman et Ikhenoukhen ; ce dernier l'accompagna ensuite à Mourzouk, où il le quitta pour rentrer dans ses campements, tandis que Duveyrier, achevant son voyage, aboutissait à Tripoli. Type accompli de l'explorateur consciencieux et modeste, Duveyrier a donné dans son ouvrage, les Touaregs du Nord, une remarquable description du Sahara central et de ses habitants. On lui a reproché seulement d'avoir apprécié avec trop d'optimisme le caractère des Touaregs.
Pour profiter des résultats obtenus par le voyage de Duveyrier, on résolut de signer un traité d'amitié et de commerce avec Ikhenoukhen et Rhadamès fut choisi comme lieu de l'entrevue.
 
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