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En 1860-61, le
commandant Colonieu et le lieutenant Burin, accompagnés de
Si-Bou-Beker, fils de Si-Hamza, se joignirent à la caravane
annuelle qui de Géryville se rendait au Gourara en vue d'y
échanger les laines algériennes contre les dattes des oasis.
L'échec fut complet; les ksours fermèrent leurs portes aux
deux officiers : " Vous avez tué notre commerce, leur
dirent-ils, en interdisant le trafic des esclaves ; vous
voulez, dites-vous, les produits du Soudan : achetez donc des
négresses, le reste du commerce soudanien n'est rien. " |
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On chercha à tirer parti de la visite des Touaregs à Alger.
En 1856, le capitaine de Bonnemain fut envoyé à Rhadamès
pour étudier la situation commerciale de la ville et montrer
aux autorités et aux principaux commerçants tout l'intérêt
qu'ils avaient à lier avec les marchés sud-algériens des
relations plus suivies. En 1858, un interprète militaire,
Bou-Derba, fut envoyé à Rhat. Enfin, en 1860, un jeune homme
de dix-huit ans, Henri Duveyrier, doué d'une rare énergie et
de remarquables qualités d'observateur, accomplit avec
succès une belle exploration chez les Touaregs Azdjer. Il
était le fils d'un Saint-Simonien de marque et l'élève de
Barth ; il devait à son père, disciple d'Enfantin, ami de
Michel Chevalier, de Barrault, de Péreire, de d'Eichtal,
d'Urbain, de Félicien David, des idées généreuses et aussi
quelques illusions. Son entreprise réussit grâce au concours
de Cheikh-Othman. |
D'El-Oued, il se
rendit d'abord à Rhadamès, où il fut rejoint par
Ikhenoukhen, amenokal des Azdjer. Arrêté quelque temps dans
cette ville par les tracasseries des autorités turques, il
n'en triompha qu'en se rendant lui-même à Tripoli, d'où il
revint muni de recommandations du pacha et du consul général
de France Botta. Il put alors partir pour Rhat avec
Cheikh-Othman et Ikhenoukhen ; ce dernier l'accompagna ensuite
à Mourzouk, où il le quitta pour rentrer dans ses
campements, tandis que Duveyrier, achevant son voyage,
aboutissait à Tripoli. Type accompli de l'explorateur
consciencieux et modeste, Duveyrier a donné dans son ouvrage,
les Touaregs du Nord, une remarquable description du
Sahara central et de ses habitants. On lui a reproché
seulement d'avoir apprécié avec trop d'optimisme le
caractère des Touaregs.
Pour profiter des résultats obtenus par le voyage de
Duveyrier, on résolut de signer un traité d'amitié et de
commerce avec Ikhenoukhen et Rhadamès fut choisi comme lieu
de l'entrevue. |
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