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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Il faut sans doute faire la part, dans cette anecdote, de l'exagération du romancier, dont les ouvrages ne sont pas des documents historiques très sûrs.
 
C'est sans doute dans le domaine de la légende qu'il faut reléguer aussi les anecdotes concernant la manière dont les militaires s'acquittaient de leurs fonctions d'officiers de l'état civil; celui-ci, se référant à une édition du Code datant du Premier Empire, la seule qu'il eût entre les mains, prononçait des divorces ; tel autre, voyant des époux qu'il avait unis faire mauvais ménage, arrachait tout simplement du registre de l'état civil la feuille sur laquelle le mariage avait été porté.

Il est clair que la justice sommaire et les pouvoirs discrétionnaires avaient leur raison d'être dans la période de la conquête, à l'époque de la lutte contre Abd­el-Kader. L'armée, en même temps qu'elle occupait les régions où elle pénétrait, assurait tous les services, la justice comme les autres. Mais les bureaux arabes, en remplissant leur tâche, travaillaient à leur propre suppression et rapprochaient le jour où ils abdiqueraient entre les mains de l'autorité civile. « Les bureaux arabes, disait Jules Duval, se sont fait une situation contraire au développement de la colonisation européenne. L'intelligence et le patriotisme de quelques officiers peuvent bien triompher çà et là des intérêts de leur position; mais de telles victoires sur soi-même ne sauraient être fréquentes; car elles supposent la vertu d'une haute abnégation. Aucun pouvoir, et surtout le pouvoir absolu, n'aime à se voir amoindrir; or, tout progrès de la colonisation amoindrit les bureaux arabes militaires, si bien que, lorsque l'Algérie sera pleinement colonisée, ils seront parfaitement inutiles, comme ils le sont déjà en territoire civil.

Comment l'esprit de corps, ainsi menacé, ne lutterait-il pas instinctivement ou sciemment contre la marée montante de l'émigration et de la colonisation? En douter, ce serait méconnaître les lois les plus certaines de la nature humaine et nier l'évidence des faits. »

FEMME KABYLE (d'après un dessin de Legrand).
 
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