Les officiers des affaires
indigènes, qui au début n'étaient nullement hostiles aux
colons, avaient fini par devenir leurs adversaires. On en
était venu à ce point que les colons demandaient la
suppression des bureaux arabes et les bureaux arabes la
suppression des colons. Cependant Jules Duval, partisan
déterminé de la colonisation, déclarait que l'idée de
supprimer les bureaux arabes était inadmissible et qu'il ne
pouvait s'agir que de les réformer.
On exagérait lorsqu'on prétendait que les colons en
territoire militaire vivaient sous le régime de
l'arbitraire; les lois civiles étaient les mêmes dans les
deux zones. D'ailleurs, en 1858, sur 189 000 Européens, 170
000 étaient placés sous l'autorité civile; la zone
militaire ne comptait donc que moins de 6 pour 100 d'entre
eux; il est vrai que les Européens n'avaient accès en
territoire militaire que dans un but d'utilité publique et
en vertu d'autorisations spéciales et personnelles.
Mécontents, aigris, les colons rendaient l'autorité
militaire responsable de toutes leurs déceptions et de tous
leurs échecs.
La population civile réclamait un gouvernement civil,
l'assimilation politique, l'assimilation douanière, le
cantonnement des Arabes, la constitution de la propriété
privée dans les tribus, la vente des terres, la suppression
de la réglementation des concessions, l'assimilation des
indigènes et la suppression du régime administratif
spécial auquel ils étaient soumis. Si quelques-unes de ces
revendications étaient légitimes, d'autres étaient
injustifiées, d'autres absolument impossibles à
satisfaire. |