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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Il faut ajouter que les officiers des bureaux arabes, préposés à la tutelle des indigènes, avaient à les défendre, eux et leurs terres, contre bien des convoitises. C'était une des causes profondes du conflit entre eux et les colons. Une série de brochures, reflétant les idées courantes et jusqu'à un certain point la pensée même de l'Empereur, présentaient les colons comme des spéculateurs, des agioteurs qui demandaient le cantonnement des tribus pour spéculer sur les biens ruraux. L'aristocratie indigène, menacée dans ses privilèges, faisait cause commune avec les adversaires de la colonisation. 
JULES DUVAL (d'après une lithographie). Les officiers des affaires indigènes, qui au début n'étaient nullement hostiles aux colons, avaient fini par devenir leurs adversaires. On en était venu à ce point que les colons demandaient la suppression des bureaux arabes et les bureaux arabes la suppression des colons. Cependant Jules Duval, partisan déterminé de la colonisation, déclarait que l'idée de supprimer les bureaux arabes était inadmissible et qu'il ne pouvait s'agir que de les réformer.

On exagérait lorsqu'on prétendait que les colons en territoire militaire vivaient sous le régime de l'arbitraire; les lois civiles étaient les mêmes dans les deux zones. D'ailleurs, en 1858, sur 189 000 Européens, 170 000 étaient placés sous l'autorité civile; la zone militaire ne comptait donc que moins de 6 pour 100 d'entre eux; il est vrai que les Européens n'avaient accès en territoire militaire que dans un but d'utilité publique et en vertu d'autorisations spéciales et personnelles. Mécontents, aigris, les colons rendaient l'autorité militaire responsable de toutes leurs déceptions et de tous leurs échecs.

La population civile réclamait un gouvernement civil, l'assimilation politique, l'assimilation douanière, le cantonnement des Arabes, la constitution de la propriété privée dans les tribus, la vente des terres, la suppression de la réglementation des concessions, l'assimilation des indigènes et la suppression du régime administratif spécial auquel ils étaient soumis. Si quelques-unes de ces revendications étaient légitimes, d'autres étaient injustifiées, d'autres absolument impossibles à satisfaire.

 
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