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Les officiers ne tenaient en
aucune façon à continuer à exercer les fonctions de
maire, de juge de paix, de notaire, auxquels ils étaient
peu préparés, là où la population européenne avait pris
un développement suffisant et où la sécurité était
complète. Mais ils ne pouvaient ni ne voulaient renoncer à
l'administration des indigènes, estimant que ceux-ci
n'étaient pas mûrs pour échapper à leur tutelle, rude
mais efficace. Ce qui prouve qu'ils avaient raison, c'est
que les bureaux arabes, si attaqués sous le Second Empire,
ont été plus tard regrettés par ceux-là mêmes qui
avaient demandé leur suppression.
« Pourquoi veut-on, disait Ribourt, que les généraux
chargés d'administrer l'Afrique n'y aient fait que la
guerre? Est-ce que les amiraux en Cochinchine ne font que de
la marine? La guerre finie, et elle ne l'a été qu'en 1857,
le sabre doit être laissé derrière la porte, comme le
disait Vauban de son bâton de maréchal. » A l'époque où
nous sommes parvenus, l'Algérie avait surtout à obtenir
une bonne loi foncière et la prompte exécution des voies
ferrées. Ce résultat pouvait être atteint tout aussi bien
et plus facilement sans doute en maintenant et en fortifiant
même le gouvernement général. Ce qu'il aurait fallu à la
colonie, c'était une large décentralisation. La
suppression du régime militaire conduisit au contraire au
rattachement à Paris et à l'assimilation avec la
métropole. |
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LE MINISTÈRE DE
L'ALGÉRIE (1858-1860) |
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Le décret du 2 juin 1858 créa
un ministère de l'Algérie et des Colonies, formé de la
direction des affaires de l'Algérie, détachée du
ministère de la Guerre et de la direction des Colonies,
enlevée au ministère de la Marine. Un autre décret du 29
juillet rattacha à ce ministère les services de la
justice, des cultes, de l'instruction publique et des
finances, qui avaient été distraits du ministère de la
Guerre en 1848. Le prince Jérôme Napoléon, cousin de
l'Empereur, fut chargé du nouveau ministère. Les décrets
de 1858 constituaient un acte d'une grande portée politique
et une transformation radicale du gouvernement de la
colonie. Napoléon III avait d'abord songé à confier au
prince Jérôme une sorte de vice-royauté, de lieutenance
générale de l'Empire, qui aurait comporté sa résidence
obligatoire à Alger. Mais le prince déclara que sa
présence à Paris pendant plusieurs mois chaque année
était indispensable pour établir le budget et traiter
directement avec l'Empereur les affaires importantes de sa
lieutenance. On y renonça donc; on s'arrêta à la solution
d'un ministère spécial qui centraliserait le pouvoir non
à Alger, mais à Paris. C'était une demie-mesure et la
montagne accouchait d'une souris. |
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