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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Les officiers ne tenaient en aucune façon à continuer à exercer les fonctions de maire, de juge de paix, de notaire, auxquels ils étaient peu préparés, là où la population européenne avait pris un développement suffisant et où la sécurité était complète. Mais ils ne pouvaient ni ne voulaient renoncer à l'administration des indigènes, estimant que ceux-ci n'étaient pas mûrs pour échapper à leur tutelle, rude mais efficace. Ce qui prouve qu'ils avaient raison, c'est que les bureaux arabes, si attaqués sous le Second Empire, ont été plus tard regrettés par ceux-là mêmes qui avaient demandé leur suppression.
« Pourquoi veut-on, disait Ribourt, que les généraux chargés d'administrer l'Afrique n'y aient fait que la guerre? Est-ce que les amiraux en Cochinchine ne font que de la marine? La guerre finie, et elle ne l'a été qu'en 1857, le sabre doit être laissé derrière la porte, comme le disait Vauban de son bâton de maréchal. » A l'époque où nous sommes parvenus, l'Algérie avait surtout à obtenir une bonne loi foncière et la prompte exécution des voies ferrées. Ce résultat pouvait être atteint tout aussi bien et plus facilement sans doute en maintenant et en fortifiant même le gouvernement général. Ce qu'il aurait fallu à la colonie, c'était une large décentralisation. La suppression du régime militaire conduisit au contraire au rattachement à Paris et à l'assimilation avec la métropole.
 

LE MINISTÈRE DE L'ALGÉRIE (1858-1860)

 
Le décret du 2 juin 1858 créa un ministère de l'Algérie et des Colonies, formé de la direction des affaires de l'Algérie, détachée du ministère de la Guerre et de la direction des Colonies, enlevée au ministère de la Marine. Un autre décret du 29 juillet rattacha à ce ministère les services de la justice, des cultes, de l'instruction publique et des finances, qui avaient été distraits du ministère de la Guerre en 1848. Le prince Jérôme Napoléon, cousin de l'Empereur, fut chargé du nouveau ministère. Les décrets de 1858 constituaient un acte d'une grande portée politique et une transformation radicale du gouvernement de la colonie. Napoléon III avait d'abord songé à confier au prince Jérôme une sorte de vice-royauté, de lieutenance générale de l'Empire, qui aurait comporté sa résidence obligatoire à Alger. Mais le prince déclara que sa présence à Paris pendant plusieurs mois chaque année était indispensable pour établir le budget et traiter directement avec l'Empereur les affaires importantes de sa lieutenance. On y renonça donc; on s'arrêta à la solution d'un ministère spécial qui centraliserait le pouvoir non à Alger, mais à Paris. C'était une demie-mesure et la montagne accouchait d'une souris.
 
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