L'Empereur avait d'abord songé à conserver Randon, dont il
appréciait les services et le dévouement. Mais celui-ci
trouva que, sous les. ordres d'un ministre qui ne lui
laisserait plus rien à faire et à la volonté duquel il
n'aurait aucun moyen de résister, sa position serait tout
à fait fausse et il donna sa démission, qui fut acceptée.
Le gouvernement général de l'Algérie fut supprimé et
remplacé par un commandement supérieur des forces de terre
et de mer, confié au général de MacMahon.
« Beaucoup de bien a été fait, disait le rapport
du prince Napoléon qui précédait le décret; des
résultats immenses ont été obtenus, mais on ne peut se
dissimuler qu'il y a des abus à faire cesser et qu'il faut
pour cela beaucoup de force et d'unité de volonté. La
conquête et la sécurité sont entières ; les crimes sont
rares, les routes et les propriétés sont sûres, les
impôts rentrent bien. Et cependant la colonisation est
presque nulle 200 000 Européens à peine, dont la moitié
de Français, moins de 100 000 agriculteurs, les capitaux
rares et chers, l'esprit d'initiative et d'entreprise
étouffé, la propriété à constituer dans la plus grande
partie du territoire, le découragement jeté parmi les
colons et les capitalistes qui se présentent pour
défricher le sol de l'Algérie, telle est la situation
vraie. »
Le prince était puissant et décidé à faire des
réformes hardies. La pensée maîtresse de sa politique
était l'assimilation des institutions algériennes à
celles de la métropole. |