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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Le prince Jérôme avait de grandes qualités et de graves défauts. C'était un homme fort intelligent, parlant et écrivant bien, qui physiquement ressemblait beaucoup à Napoléon Ier. Démocrate et libre penseur, violemment anticlérical, on a dit qu'il joua auprès de Napoléon III le même rôle que Philippe-Égalité au­près de Louis XVI. Il faisait une sourde opposition à l'Empereur et surtout à l'Impératrice. Il était violent, brutal, impérieux, brouillon; il avait montré peu de courage, disait-on, dans la campagne de Crimée, ce qui l'avait rendu impopulaire dans l'armée et n'était pas de nature à faciliter sa tâche en Algérie. Il s'agissait, en lui donnant ce ministère, d'occuper son activité.
LE PRINCE JÉRÔME NAPOLÉON  
L'Empereur avait d'abord songé à conserver Randon, dont il appréciait les services et le dévouement. Mais celui-ci trouva que, sous les. ordres d'un ministre qui ne lui laisserait plus rien à faire et à la volonté duquel il n'aurait aucun moyen de résister, sa position serait tout à fait fausse et il donna sa démission, qui fut acceptée. Le gouvernement général de l'Algérie fut supprimé et remplacé par un commandement supérieur des forces de terre et de mer, confié au général de Mac­Mahon.

 « Beaucoup de bien a été fait, disait le rapport du prince Napoléon qui précédait le décret; des résultats immenses ont été obtenus, mais on ne peut se dissimuler qu'il y a des abus à faire cesser et qu'il faut pour cela beaucoup de force et d'unité de volonté. La conquête et la sécurité sont entières ; les crimes sont rares, les routes et les propriétés sont sûres, les impôts rentrent bien. Et cependant la colonisation est presque nulle 200 000 Européens à peine, dont la moitié de Français, moins de 100 000 agriculteurs, les capitaux rares et chers, l'esprit d'initiative et d'entreprise étouffé, la propriété à constituer dans la plus grande partie du territoire, le découragement jeté parmi les colons et les capitalistes qui se présentent pour défricher le sol de l'Algérie, telle est la situation vraie. »

Le prince était puissant et décidé à faire des réformes hardies. La pensée maîtresse de sa politique était l'assimilation des institutions algériennes à celles de la métropole.

 
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