Chasseloup-Laubat différait surtout du prince Napoléon en
ce que sa politique d'assimilation ne s'étendait pas aux
indigènes. Le décret autorisant les transactions
immobilières en territoire militaire fut rapporté et on en
revint sur ce point à la loi de 1851. En même temps, le
nouveau ministre s'attacha à rassurer l'armée, froissée
par les réformes du prince Napoléon et rétablit la
responsabilité collective des tribus. Surtout, il apporta
des retouches à la réforme judiciaire, qui avait été la
pierre d'achoppement de son prédécesseur. Un décret du 15
mars 1860 décida que les crimes et les délits commis par
les Européens en territoire militaire seraient désormais
déférés aux cours d'assises et aux tribunaux
correctionnels. Quant aux commissions disciplinaires, elles
furent réorganisées par un décret du 5 avril 1860, qui
rendit cette institution pratique et permit pendant de
longues années d'assurer à la répression une efficacité
remarquable. ChasseloupLaubat, après une minutieuse
enquête, arriva en somme à combiner ingénieusement le
pouvoir discrétionnaire des officiers avec les formes d'une
justice plus régulière.
Le nouveau ministre était très préoccupé des
questions de travaux publics, dont il s'était fait une
spécialité. Le prince Napoléon avait projeté deux grands
ports pour la marine impériale, à Mers-el-Kébir et à
Bougie, mais il n'y avait pas eu de commencement
d'exécution. |