La nomination du maréchal Pélissier fut accueillie avec
beaucoup de faveur, aussi bien par l'armée que par les
fonctionnaires civils et les colons. Il connaissait bien
l'Algérie, où il avait fait toute sa carrière, sauf
l'interruption de la guerre de Crimée où il s'était
couvert de gloire à Malakoff. Il faisait partie comme
capitaine du corps expéditionnaire de 1830; il avait été
un des meilleurs lieutenants de Bugeaud, il était à la
bataille d'Isly. Doué d'une grande finesse d'esprit, il la
dissimulait sous une extrême brutalité de langage et de
formes. Il est demeuré célèbre par la hardiesse de ses
propos et par son mépris des préjugés. En obtenant le
gouvernement général de l'Algérie, il réalisait le rêve
de toute sa vie.
Malheureusement, si l'on en croit du Barail,
il avait beaucoup vieilli : " Alourdi, empâté,
somnolent, il s'en remettait au prestige de sa gloire et au
souvenir de ses actes passés d'implacable rigueur pour
maintenir l'Algérie dans le calme et la soumission. Il
n'avait jamais beaucoup aimé le travail et ne l'aimait
plus. Les occupations sérieuses le fatiguaient ; il les
écartait, cueillait les roses du pouvoir et en dédaignait
les épines.
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