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A ce moment se
produisit dans l'histoire de l'Algérie un événement
décisif le sénatus-consulte de 1863, précédé d'une lettre
de l'Empereur adressée au gouverneur général. |
LA LETTRE DE L'
EMPEREUR (1863) |
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Une foule de brochures anonymes
anticoloniales paraissaient à cette époque. Elles
revendiquaient l'Algérie pour les indigènes, qualifiaient la
colonisation d'erreur et de contresens politique, accusaient
les colons de tous les crimes.
On les montrait comme des agioteurs qui ne demandaient à
grands cris le cantonnement des tribus que pour voir s'ouvrir
un vaste champ de spéculations sur les biens ruraux et vendre
aux indigènes à un prix élevé les terres que l'État leur
aurait données gratuitement.
Plusieurs de ces brochures, non signées ou signées d'un
pseudonyme, sont dues à un personnage assez énigmatique, sur
lequel il convient d'insister quelque peu. Ismaël Urbain
était un mulâtre, né à Cayenne en 1812; il avait souffert
dans son enfance du préjugé contre les hommes de couleur; il
s'était fait musulman; Saint-Simonien et ami de d'Eichthal,
il avait collaboré avec lui à une brochure intitulée : Lettres
sur la race noire et la race blanche; les auteurs voyaient
dans le blanc "la race mâle ", dans le noir la
" race femelle ", dans leur union " la
constitution définitive de la famille humaine, la forme
zoologique de la fraternité universelle. "
Urbain était interprète militaire; il avait été attaché
à la direction des affaires arabes au ministère de la Guerre
et le général Charon, en 1849, se plaignait déjà de ce
qu'il contrecarrait l'action du gouverneur général; il fut
en outre correspondant du journal des Débats de 1837 à 1847,
utilisant comme publiciste les documents dont il avait
connaissance comme fonctionnaire; il devint ensuite conseiller
de gouvernement à Alger. |
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