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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Depuis quelques années, on ne parle que des droits sacrés des indigènes, ne serait-il pas opportun d'invoquer ceux non moins sacrés des colons? D'où sont-ils venus, ces colons qu'on trouve trop nombreux aujourd'hui? qui les a appelés? Qu'ont-ils fait pour qu'on annonce avec une sorte de joie la liquidation de leurs entreprises, comme on se réjouirait de l'élimination d'un corps étranger gênant la marche de la prospérité algérienne? "
 

LE SÉNATUS-CONSULTE DE 1863

 
" J'ai chargé le maréchal Randon, disait l'Empereur dans sa lettre au maréchal Pélissier, de préparer un projet de sénatus-consulte dont l'article principal sera de rendre les tribus ou fractions de tribus propriétaires incommutables des territoires qu'elles occupent à demeure fixe et dont elles ont la jouissance traditionnelle à quelque titre que ce soit. " Le projet de sénatus-consulte, élaboré par le Conseil d'État, fut discuté par le Sénat le 8 avril et les jours suivants. Le comte de Casabianca, rapporteur, s'attacha à rassurer les colons : " L'avenir de la colonisation, dit-il, n'est point menacé par la constitution de la propriété dans les mains des Arabes. Les colons la sollicitent eux-mêmes avec instance et voudraient qu'elle fût immédiate. L' État ne se dessaisit point par le sénatus-consulte des terrains qui pourraient plus tard être livrés aux colons. Les 4 ou 500 000 hectares qui leur ont été concédés dans l'espace de plus de vingt ans ne sont pas encore entièrement défrichés. Le domaine en possède 900 000 autres, destinés à des concessions nouvelles et il peut en outre, par voie d'expropriation, dans les cas prévus par la loi et moyennant une juste et préalable indemnité, opérer sur le territoire des Arabes toutes distractions qui deviendraient nécessaires. "

M. Ferdinand Barrot, tout en approuvant la constitution de la propriété indigène, observa qu'il redoutait, sinon l'esprit véritable du sénatus-consulte, du moins celui que certaines gens lui prêtaient. Il prit la défense des colons : " A côté de ces enfants de notre adoption que vous traitez avec une si grande magnanimité et une si infinie indulgence, il y a les enfants de notre sang, que la France a appelés sur cette terre. Ceux-là vous demanderont leur part de justice et de sympathie. D'où vient qu'il est nécessaire, jusque dans cette enceinte, de protester contre l'injuste dédain dont ils ont été l'objet et contre les appréciations venues du dehors, appréciations mêlées d'erreurs si criantes que cela les fait ressembler à des calomnies ? " Le général de La Rue fit ensuite l'éloge des Arabes, qui selon lui s'apprêtaient à entrer dans la voie de la civilisation; il demanda le rappel des préfets et leur remplacement par des généraux. Le général Cousin-Montauban parla dans le même sens.

 
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