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Tout n'est pas à blâmer dans le
sénatus-consulte de 1863. Il était parfaitement légitime et
utile de répartir la propriété du sol entre les tribus,
entre les douars, entre les individus. Mais cet acte
législatif, comme le prévoyait M. Ferdinand Barrot, fut
appliqué dans un esprit nettement hostile à la colonisation.
Sur beaucoup de points, les terres attribuées aux tribus
dépassaient la limite de leurs droits et de leurs besoins et
la part que l'État aurait pu réserver pour le service de la
colonisation fut considérablement réduite. Cependant les
plaintes des colons étaient exagérées. L'acte de 1863
réduisait les chances futures de la colonisation; il n'était
pas exact, comme le donnaient à croire les protestations
locales, qu'il la rendît matériellement impossible.
Comme l'œuvre de la colonisation par voie de création de
centres fut complètement abandonnée de 1864 à 1870, on en
accusa le sénatus-consulte. Ainsi que le pensait Michel
Chevalier, l'État ne disposait pas en fait des 900 000
hectares dont avait parlé le rapporteur du Sénat. Mais les
terres melk étaient ouvertes aux libres transactions ;
l'administration aurait pu d'autre part traiter avec les
douars et constituer des périmètres par voie
d'expropriation. Ce qu'il y avait de plus grave, c'est que
l'opinion en France, dans les milieux officiels, était
désormais systématiquement hostile à la colonisation; la
lettre de l'Empereur était à cet égard un symptôme
beaucoup plus inquiétant que le sénatus-consulte lui-même.
Aussi, dans les années qui vont suivre, les terres du domaine
seront complètement dilapidées en grandes concessions.
L'application du système de la vente des terres donnait
d'ailleurs de médiocres résultats. Les amateurs étaient peu
nombreux, et de 1860 à 1864, 9 000 hectares seulement furent
vendus aux enchères et autant à prix fixe. Aucune obligation
de résidence n'étant imposée, les acheteurs ne résident ni
n'exploitent et se contentent de détenir les terres en
attendant une revente avantageuse. Il faut, pour peupler les
villages déserts, recourir de nouveau à la concession
gratuite avec obligation d'installation personnelle. De 1860
à 1864, les concessions gratuites portèrent sur 50 000
hectares, dont plus de 20 000 furent attribués à des
indigènes. |
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L'INSURRECTION DES
OULED-SIDI-CHEIKH |
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En 1864 éclata l'insurrection
des Ouled-Sidi-Cheikh. Si-Hamza, auquel nous avions constitué
un si grand commandement et qui nous avait rendu de réels
services, mourut à Alger en 1861, probablement empoisonné
par une de ses femmes à l'instigation du parti intransigeant
de la famille, qui ne lui pardonnait pas sa soumission à la
France. Son fils Si-Sliman, poussé par son oncle Si-Lala, fit
défection et souleva contre nous les populations du
Sud-Oranais. |
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