Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE III  - CHAP. 2 Page suivante
  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Tout n'est pas à blâmer dans le sénatus-consulte de 1863. Il était parfaitement légitime et utile de répartir la propriété du sol entre les tribus, entre les douars, entre les individus. Mais cet acte législatif, comme le prévoyait M. Ferdinand Barrot, fut appliqué dans un esprit nettement hostile à la colonisation. Sur beaucoup de points, les terres attribuées aux tribus dépassaient la limite de leurs droits et de leurs besoins et la part que l'État aurait pu réserver pour le service de la colonisation fut considérablement réduite. Cependant les plaintes des colons étaient exagérées. L'acte de 1863 réduisait les chances futures de la colonisation; il n'était pas exact, comme le donnaient à croire les protestations locales, qu'il la rendît matériellement impossible.
Comme l'œuvre de la colonisation par voie de création de centres fut complètement abandonnée de 1864 à 1870, on en accusa le sénatus-consulte. Ainsi que le pensait Michel Chevalier, l'État ne disposait pas en fait des 900 000 hectares dont avait parlé le rapporteur du Sénat. Mais les terres melk étaient ouvertes aux libres transactions ; l'administration aurait pu d'autre part traiter avec les douars et constituer des périmètres par voie d'expropriation. Ce qu'il y avait de plus grave, c'est que l'opinion en France, dans les milieux officiels, était désormais systématiquement hostile à la colonisation; la lettre de l'Empereur était à cet égard un symptôme beaucoup plus inquiétant que le sénatus-consulte lui-même. Aussi, dans les années qui vont suivre, les terres du domaine seront complètement dilapidées en grandes concessions. L'application du système de la vente des terres donnait d'ailleurs de médiocres résultats. Les amateurs étaient peu nombreux, et de 1860 à 1864, 9 000 hectares seulement furent vendus aux enchères et autant à prix fixe. Aucune obligation de résidence n'étant imposée, les acheteurs ne résident ni n'exploitent et se contentent de détenir les terres en attendant une revente avantageuse. Il faut, pour peupler les villages déserts, recourir de nouveau à la concession gratuite avec obligation d'installation personnelle. De 1860 à 1864, les concessions gratuites portèrent sur 50 000 hectares, dont plus de 20 000 furent attribués à des indigènes.
 

L'INSURRECTION DES OULED-SIDI-CHEIKH

 
En 1864 éclata l'insurrection des Ouled-Sidi-Cheikh. Si-Hamza, auquel nous avions constitué un si grand commandement et qui nous avait rendu de réels services, mourut à Alger en 1861, probablement empoisonné par une de ses femmes à l'instigation du parti intransigeant de la famille, qui ne lui pardonnait pas sa soumission à la France. Son fils Si-Sliman, poussé par son oncle Si-Lala, fit défection et souleva contre nous les populations du Sud-Oranais.
 
  350  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante