Au commencement de 1865, le bruit
se répandit que l'Empereur allait venir en Algérie pour se
rendre compte par lui-même de l'état des choses. Le voyage
fut plusieurs fois annoncé, puis démenti. Les ministres, en
particulier Randon, y étaient très opposés; le gouverneur
général au contraire en était partisan, espérant modifier
en faveur des colons les idées de Napoléon III. Le
Moniteur du 30 avril annonça que l'Empereur se rendait en
Algérie et que la régence serait confiée à l'impératrice
pendant son absence.
Napoléon III débarqua en Algérie le 3 mai et y resta
jusqu'au 7 juin; son voyage fut donc plus long et plus
sérieux qu'en 1863. Il avait un vif désir de se renseigner
exactement, mais il est bien difficile à un chef d'État en
tournée officielle de voir autre chose que ce qu'on juge bon
de lui montrer. L' Empereur arriva à Alger sur le yacht
impérial l'Aigle, qu'escortait la flottille cuirassée
commandée par l'amiral Bouet-Willaumez ; il était
accompagné du prince Murat, des généraux Fleury et de
Castellane, du commandant Reille, de M. Pietri son secrétaire
particulier, du docteur Corvisart ; Ismaël Urbain fut
attaché à sa personne pendant tout le voyage en qualité
d'interprète.
A l'allocution du maire d'Alger, l'Empereur répondit qu'il
était heureux de se retrouver sur cette terre à jamais
française : " Quant à ces hommes courageux qui sont
venus apporter dans cette nouvelle France le progrès et la
civilisation, ils doivent avoir confiance, toutes mes
sympathies leur sont assurées. " |