A peine l'Empereur était-il
rentré à Paris qu'on annonçait la prochaine publication
d'une brochure impériale sur l'Algérie et les questions
algériennes. Cette brochure avait pour titre : Lettre sur
la politique de la France en Algérie adressée par l'Empereur
au maréchal de Mac-Mahon. " Deux opinions
contraires, disait l'Empereur, également absolues et par cela
même erronées, se font la guerre en Algérie. L'une prétend
que l'expansion de la colonie ne peut avoir lieu qu'au
détriment des indigènes; l'autre que l'on ne peut
sauvegarder les intérêts des indigènes qu'en entravant la
colonisation.
Réconcilier les colons et les Arabes, prouver par les
faits que ces derniers ne doivent pas être dépouillés au
profit des premiers et que les deux éléments ont besoin de
se prêter un concours réciproque, telle est la marche à
suivre. Ce pays est à la fois un royaume arabe, une colonie
européenne et un camp français. Il est essentiel de
considérer l'Algérie sous ces trois aspects : au point de
vue indigène, colonial et militaire. "
En ce qui concerne les indigènes, l'Empereur propose : 1°
de déclarer que les Arabes sont Français, puisque l'Algérie
est territoire français, mais qu'ils continueront d'être
régis par leur statut civil conformément à la loi
musulmane; que cependant les Arabes qui voudront être admis
au bénéfice de la loi civile française seront sur leur
demande, sans condition de stage, investis des droits des
citoyens français; 2° de proclamer l'admissibilité des
Arabes à tous les emplois militaires de l'Empire et à tous
les emplois civils en Algérie; 3° d'exécuter loyalement le
sénatus-consulte en respectant les droits acquis des Arabes. |