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" Nous craignons, disait-il,
que, sans s'en rendre compte peut-être, l'Empereur,
poursuivant le fantôme du royaume arabe, n'ait donné en
quelque sorte une investiture définitive à la féodalité
indigène antique ou de fraîche date. " Le maréchal de
Mac-Mahon lui-même, sans se rallier à un système bien
défini, était au fond hostile au programme impérial et
favorable aux colons. Le général Desvaux, sous-gouverneur et
chef d'état-major général, caractère inflexible, ne voulut
pas appliquer un système qu'il désapprouvait et donna sa
démission. |
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LE SÉNATUS-CONSULTE
DE 1865 |
L' Empereur, dans sa lettre,
promettait aux indigènes de leur conférer la qualité de
Français, tout en leur permettant de conserver leur statut
personnel. Ce fut l'objet du sénatus-consulte du 14 juillet
1865, qui déclarait : " L'indigène musulman est
Français; néanmoins, il continuera d'être régi par la loi
musulmane. Il peut être admis à servir dans les armées de
terre et de mer. Il peut être appelé à des fonctions et
emplois civils en Algérie. Il peut sur sa demande être admis
à jouir des droits de citoyen français. " L'article 2
de la loi accordait les mêmes avantages aux Israélites.
"Ainsi, disait le rapporteur, il y a deux années, un
sénatus-consulte a fixé le sort de la propriété en
Algérie. Aujourd'hui, c'est un nouveau pas. Une pierre
nouvelle est apportée à l'édifice. L'état des personnes
est réglé. Sujets hier, les Algériens sont Français
aujourd'hui; la France les admet dans son sein; elle les
invite à devenir citoyens et à recueillir tous les
avantages, tous les droits que notre grande nation réserve à
ses propres enfants. C'est le désir de l'Empereur qu'il en
soit ainsi et cet acte sera compté parmi les meilleurs de son
règne. " En fait, les indigènes musulmans ne
demandèrent pas la naturalisation, parce que l'abandon de
leur statut personnel leur paraissait une apostasie; seuls les
Israélites indigènes profitèrent des facilités que la loi
leur accordait. Mais ceux mêmes des indigènes, et c'était
la grande masse, qui conservaient leur statut personnel,
devenaient Français et se voyaient accorder d'importants
avantages. Les sénatus-consultes de 1863 et 1865, qui se
complètent l'un l'autre et s'inspirent du même esprit, ont
exercé une influence décisive sur les destinées de
l'Algérie. |
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LA COLONISATION |
La politique de l'Empereur à
l'égard des indigènes était incontestablement très
généreuse. Malheureusement, la colonisation, tout au moins
la colonisation de peuplement, était complètement laissée
de côté. |
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