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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
" Nous craignons, disait-il, que, sans s'en rendre compte peut-être, l'Empereur, poursuivant le fantôme du royaume arabe, n'ait donné en quelque sorte une investiture définitive à la féodalité indigène antique ou de fraîche date. " Le maréchal de Mac-Mahon lui-même, sans se rallier à un système bien défini, était au fond hostile au programme impérial et favorable aux colons. Le général Desvaux, sous-gouverneur et chef d'état-major général, caractère inflexible, ne voulut pas appliquer un système qu'il désapprouvait et donna sa démission.
 

LE SÉNATUS-CONSULTE DE 1865

L' Empereur, dans sa lettre, promettait aux indigènes de leur conférer la qualité de Français, tout en leur permettant de conserver leur statut personnel. Ce fut l'objet du sénatus-consulte du 14 juillet 1865, qui déclarait : " L'indigène musulman est Français; néanmoins, il continuera d'être régi par la loi musulmane. Il peut être admis à servir dans les armées de terre et de mer. Il peut être appelé à des fonctions et emplois civils en Algérie. Il peut sur sa demande être admis à jouir des droits de citoyen français. " L'article 2 de la loi accordait les mêmes avantages aux Israélites. "Ainsi, disait le rapporteur, il y a deux années, un sénatus-consulte a fixé le sort de la propriété en Algérie. Aujourd'hui, c'est un nouveau pas. Une pierre nouvelle est apportée à l'édifice. L'état des personnes est réglé. Sujets hier, les Algériens sont Français aujourd'hui; la France les admet dans son sein; elle les invite à devenir citoyens et à recueillir tous les avantages, tous les droits que notre grande nation réserve à ses propres enfants. C'est le désir de l'Empereur qu'il en soit ainsi et cet acte sera compté parmi les meilleurs de son règne. " En fait, les indigènes musulmans ne demandèrent pas la naturalisation, parce que l'abandon de leur statut personnel leur paraissait une apostasie; seuls les Israélites indigènes profitèrent des facilités que la loi leur accordait. Mais ceux mêmes des indigènes, et c'était la grande masse, qui conservaient leur statut personnel, devenaient Français et se voyaient accorder d'importants avantages. Les sénatus-consultes de 1863 et 1865, qui se complètent l'un l'autre et s'inspirent du même esprit, ont exercé une influence décisive sur les destinées de l'Algérie.
 

LA COLONISATION

La politique de l'Empereur à l'égard des indigènes était incontestablement très généreuse. Malheureusement, la colonisation, tout au moins la colonisation de peuplement, était complètement laissée de côté.
 
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