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Le décret du 31 décembre 1864 sur la vente des terres domaniales
prohibait la concession gratuite et ne reconnaissait plus qu'un seul
mode d'aliénation : la vente à prix fixe et à bureau ouvert; la
concession gratuite ne pouvait être autorisée que par un décret
spécial de l'Empereur. Les concessions faites antérieurement
étaient affranchies de toute clause résolutoire autre que le
paiement du prix de vente. L'administration déclarait qu'elle se
mettait ainsi d'accord avec ce qu'elle appelait " les vrais
principes de l'économie politique -". En 1866, 248 lots,
représentant 11 500 hectares, furent vendus 718 000 francs. Plus de
la moitié des lots, représentant les deux tiers du prix total,
furent acquis par des indigènes. On ne comptait aucun acquéreur
venu de France. Les documents officiels déclaraient que " ces
résultats étaient très satisfaisants " : ils savaient
évidemment se contenter de peu.
L' Empereur avait prescrit de tracer à la colonisation, autour des
chefs-lieux des trois départements, un périmètre qu'elle ne
devait pas dépasser; au delà, on indemniserait les colons pour les
amener à se retirer et au besoin on les rappellerait d'office. Des
instructions du gouverneur général du 11 mai 1866 se conformèrent
à ces prescriptions. Une zone de 1 200 000 hectares fut ainsi
délimitée, en opposition complète avec la doctrine de Bugeaud qui
affirmait qu'il fallait mêler partout les Européens aux
indigènes. On songea même un instant à abandonner les hauts
plateaux et le Sud, ce qui eût été revenir à l'occupation
restreinte; on y renonça devant la vive opposition du maréchal
Randon.
D'autre part, le domaine était dilapidé. Des 900 000 hectares
dont, avec un optimisme excessif, on faisait état lors de la
discussion du sénatus-consulte de 1863, et qui avaient été promis
et exclusivement réservés à la colonisation, 700 000 hectares
furent attribués aux indigènes. Restaient 200 000 hectares, dont
100 000 furent concédés d'un coup à la Société générale
algérienne. Le reste fut vendu aux indigènes, sauf 50 000 hectares
environ réservés pour la création de 13 nouveaux centres; mais
ces villages étaient encore à l'état de projet à la fin de 1868.
En 1862 et en 1863, les plus belles forêts de la colonie, plus de
160 000 hectares comprenant les massifs de chênes-liège les plus
facilement accessibles, avaient été concédés pour 90 ans à une
trentaine de bénéficiaires. Ces forêts ayant été en grande
partie incendiées et les concessionnaires réclamant de ce chef des
indemnités, l'administration, en 1867, finit par leur attribuer les
forêts en toute propriété, dans des conditions qui ressemblaient
à un abandon. La Société de l'Habra et de la Macta reçut une
concession de 24 000 hectares, à charge de construire un barrage en
amont de Perrégaux, au confluent de l'Habra et de l'Oued Fergoug ;
la plaine du Sig semblait particulièrement favorable à la culture
du coton, qui y avait jadis été pratiquée par les indigènes ; le
barrage fut effectivement construit, mais dans des conditions assez
défectueuses ; il en fut de même des travaux d'assèchement et
d'irrigation.
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