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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Et il ajoutait avec mélancolie : " Il faut reconnaître d'une façon générale que jusqu'à ce jour, l'initiative individuelle, à laquelle il a été laissé liberté entière, n'a produit sous le rapport du peuplement et de la colonisation que des résultats à peu près nuls. "
L'Empire finissant revint au système des centres, qu'il avait solennellement condamné. Alors qu'on n'avait pas créé un seul village de 1864 à 1870, on en avait projeté 11 en 1870. On se proposait d'établir des familles tyroliennes à Bou-Hini (Palestro), de petits fermiers irlandais ou des pêcheurs à Takouch (Herbillon), des colons espagnols à El-Haçaïba et à Aïn-Madher. On étudiait la création de villages forestiers pour les colons du Var.
Malgré l'arrêt de la colonisation, la population européenne continuait à augmenter par l'excédent des naissances. Elle passait de 193 000 âmes en 1861 à 245 000 en 1872. La population française s'élevait de 112 000 à 130 000, la population étrangère de 81 000 à 115 000. Mais la population agricole n'augmentait pas et tendait même à diminuer.
 

LA MISE EN VALEUR

 
Il faut rendre cette justice au Second Empire que, pendant cette période, les travaux publics, travaux de ports, de routes, de barrages, furent poursuivis avec activité et intelligence. Les forages artésiens furent continués dans l'Oued-Rir. La ligne de chemin de fer de Philippeville à Constantine fut ouverte à l'exploitation en 1870, celle d'Alger à Oran en 1871. Quelques concessions de mines furent accordées ; on commença à exploiter le cuivre à Mouzaïa, le plomb à Ghar-Rouban et à Kef-Oum-Theboul, le fer à Aïn-Mokra. En matière agricole, on continuait à s'attacher surtout aux cultures industrielles. C'est à ce moment que se place l'apogée de la culture du coton, pratiquée dans la vallée du Chélif à Saint-Denis-du-Sig, à Perrégaux et à Relizane. Elle commença à prendre de l'extension en 1860, pendant la guerre de Sécession; le maximum fut atteint en 1866 avec 2 000 planteurs, 4 000 hectares, 74 000 quintaux exportés; en 1867, on tomba à 20 000 quintaux; ce chiffre se maintint pendant quelques années, puis s'abaissa peu à peu et la culture finit par disparaître en 1890. Le coton exigeant l'irrigation, de grands barrages-réservoirs furent construits pour procurer l'eau nécessaire à cette plante ; mais les frais d'irrigation et de main-d'œuvre amenèrent à y renoncer. Les encouragements de l'État étaient d'ailleurs assez mal compris; il achetait la récolte et faisait égrener le coton; les producteurs s'habituèrent à ces achats administratifs, et ne cherchèrent pas à se créer eux-mêmes des débouchés. Le décret de 1860 adopta le système des primes, mais les prix devenant de moins en moins rémunérateurs, on finit par se désintéresser de cette exploitation.
 
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