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Le gouvernement comprit qu'il
était indispensable de ramener la confiance chez nos
nomades et de prouver aux dissidents que nos troupes iraient
les châtier au besoin au Maroc même, comme nous y
autorisait le traité de 1845. Une colonne de 3 000 hommes,
commandée par le général de Wimpffen, qui avait sous ses
ordres les généraux de Colomb et Chanzy, fut organisée.
Elle livra aux Ouled-Sidi-Cheikh et à leurs alliés les
Douï-Menia un combat heureux aux Bahariat (15 avril 1870),
dans la zone d'épandage de l'Oued Guir, mais elle ne
réussit pas à s'emparer du ksar d'Aïn-Chaïr.
L'expédition n'avait été autorisée qu'à la condition
expresse de ne pas s'attaquer à Figuig, de ne pas même
s'en approcher et de rester le moins longtemps possible sur
le territoire marocain : « Il semble, écrivait Wimpffen,
qu'à Paris on ne s'est pas suffisamment rendu compte de la
situation qui nous est faite par les tribus frontières, qui
ne sont à l'empire du Maroc que d'une façon nominale et
qui ne reconnaissent d'autre règle que leur caprice ou la
force qui les réprime. Le gouvernement marocain a proclamé
lui-même à diverses reprises cette vérité. » En ne
laissant pas toute latitude à la colonne, on l'empêcha
d'avoir tous les résultats qu'on aurait pu en attendre.
Cependant l'expédition eut un grand retentissement dans le
Sud et si l'insurrection de 1871 passa inaperçue en Oranie,
ce fut grâce à l'effet moral qu'avait produit cette pointe
poussée par nos troupes jusqu'aux portes du Tafilelt. |
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LA FAMINE DE 1868 |
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En 1866, il y eut en Algérie
une formidable invasion de sauterelles, qui causa de graves
dégâts. En 1867, un tremblement de terre détruisit
plusieurs villages du pied de l'Atlas, entre autres la
Chiffa et El-Affroun ; Blida, déjà détruite en 1825, fut
de nouveau très éprouvée. Puis ce furent le choléra et
le typhus qui envahirent les trois provinces et auxquels les
indigènes, mal vêtus, mal nourris, succombèrent en grand
nombre. Mais surtout une sécheresse persistante aboutit à
un véritable désastre; la récolte, médiocre en 1865, fut
très mauvaise en 1866, à peu près nulle en 1867; les
céréales étaient détruites ainsi que les pâturages; à
l'automne, des neiges abondantes achevèrent de faire périr
ce qui restait de bétail. Il en résulta une terrible
famine, qui dura de novembre 1867 à juin 1868. Les
habitants des steppes et du Sud, chassés par la faim,
descendaient vers le Tell où ils espéraient trouver de
l'orge et du blé, mais les gens du Tell étaient eux-mêmes
aux prises avec la disette. Des bandes d'indigènes presque
nus arrivaient par groupes compacts, semant de leurs
cadavres les routes et les abords des agglomérations,
rôdant autour des villes et des villages, implorant la
pitié des colons. |
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