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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Les documents officiels évaluèrent le nombre des victimes à 300 000 ; il fut probablement plus élevé.

La France s'émut de ce désastre. Des souscriptions s'organisèrent de toutes parts. Le Corps législatif vota 2 400 000 francs pour faire face à cette calamité publique. Le gouverneur général fit venir du grain de différents ports d'Europe. On organisa des chantiers de charité, des asiles, des comités de bienfaisance. A Alger, la maréchale de Mac-Mahon et les sueurs de Saint-Vincent-de-Paul distribuèrent chaque jour des vivres et des vêtements.

 

LAVIGERIE

 
Mgr Lavigerie occupait alors le siège d'Alger, qui venait d'être érigé en archevêché; il en avait pris possession en 1867 et devait y rester jusqu'à sa mort, survenue en 1892. Né à Bayonne en 1825, il était devenu en 1856 directeur de l'œuvre des Écoles d'Orient; à ce titre, il était allé en Syrie après les massacres du Liban et avait eu à Damas une entrevue avec Abd-el-Kader, qu'il remercia d'avoir sauvé tant de vies humaines au moment des massacres de 1860 ; puis il avait été nommé évêque à Nancy à trente-huit ans. Le maréchal de Mac-Mahon, qui l'avait connu dans cette ville, voulut le donner comme successeur à Mgr Pavy qui venait de mourir. L'Empereur hésitait : « Je ne comprends pas, dit-il plusieurs fois au maréchal, pourquoi vous tenez tant à avoir Mgr Lavigerie ; c'est un évêque trop ardent, il manque de mesure, vous ne ferez pas bon ménage avec lui. »

Quel que soit le jugement que l'on porte sur l'homme, sur le prélat, sur l'écri­vain, on ne peut nier que Lavigerie n'ait fait ou du moins entrepris de grandes choses. Il fut avant tout un homme d'action : «Je suis, disait-il, le serviteur d'un maître qu'on n'a pu renfermer dans un tombeau. » Le célèbre portrait de Bonnat le représente tel qu'il était à la fin de sa vie, le teint basané, la barbe toute blanche. Il se plaignait que le peintre l'eût représenté assis dans un fauteuil, devant une table chargée de livres ; il eût voulu être figuré debout, montrant du geste les terres nouvelles et les horizons inconnus vers lesquels il était toujours prêt à s'élancer. Lavigerie est une des grandes figures de notre histoire coloniale. « A une époque où personne ne pensait à l'Afrique, a dit M. Jules Cambon, il a voulu la conquérir à la France et à la civilisation. Il a été bon Français et bon Européen, précurseur de tous ces hardis voyageurs, de ces marins, de ces soldats qui donneront au dix-neuvième siècle quelque chose de la gloire des conquérants du nouveau monde. »

 
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