Le gouvernement avait essayé de
faire le silence sur la famine et le typhus qui sévissaient
en Algérie. M. Rouher déclarait que la situation n'était
pas aussi mauvaise qu'on l'avait dit. L'archevêque
n'hésita pas ; par la voie des journaux, il fit connaître
la misère épouvantable du pays. Il montra les indigènes
mourant en foule sur les routes, se nourrissant de racines,
dévorant même des cadavres. Il entreprit une vaste
tournée de prédication pour réunir les secours qui
devaient arracher ces malheureux à une mort effroyable. Il
recueillit 1 800 enfants abandonnés dans ses orphelinats de
Ben-Aknoun et de Kouba ; 500 moururent; il en resta environ
un millier, pour lesquels il acheta des terres dans la
vallée du Chélif ; c'est l'origine des villages arabes
chrétiens de Saint-Cyprien et de Sainte-Monique. La
tentative demeura d'ailleurs isolée et sans action sur
l'ensemble de la société indigène.
Un conflit s'éleva bientôt entre le gouverneur
général et l'archevêque au sujet de ces orphelins. Le
maréchal, sous l'inspiration des bureaux arabes, voulait
que les petits indigènes, une fois la famine terminée,
fussent renvoyés dans les tribus. |